Vendredi 1er septembre, dans une ambiance solennelle, le tribunal militaire de Goma a inauguré le procès en flagrance des individus accusés d'être les instigateurs des récentes violences qui ont endeuillé la ville, lors d'une manifestation contre la MONUSCO et la force de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est. Plus de 40 vies y ont été fauchées.
Devant un auditoire attentif, une dizaine d'individus aux têtes rasées et aux expressions marquées par la fatigue et le stress, ont été présentés. Tous appartiennent au mouvement religieux à l'origine de cette manifestation tragiquement interrompue. La séance, brève, s'est principalement consacrée à l'identification des prévenus. L’activité du jour s'est clôturée par la suspension de l'audience et le retour des accusés en détention. Leur comparution devant le tribunal reprendra ce samedi.
Aux alentours du Stade de l'Unité, une atmosphère électrique prévalait. Certains fidèles du mouvement religieux avaient fait le déplacement, non seulement pour témoigner leur soutien aux prévenus, mais aussi pour revendiquer justice.
Le bilan officiel de 43 morts leur semble sous-estimé. Ils dénoncent particulièrement la mort de quatre animateurs de leur radio, qu'ils affirment avoir été tués lors d’une intervention musclée au siège de leur mouvement.
Leur colère, palpable, est dirigée contre les forces militaires. "Nous espérons que justice sera rendue, et pas seulement pour nos membres mais pour tous ceux qui ont souffert", confie un fidèle. Dans le tumulte, on pouvait discerner des cris et des slogans, dont un ressortait : « Wazalendo, tu sortiras vainqueur ».
Alors que le procès est en cours, certains responsables de l'église ont fait part de leur intention de porter plainte contre les autorités militaires de Goma, accusées d'avoir outrepassé leurs prérogatives.
Goma, ville déjà meurtrie par le passé, se retrouve une nouvelle fois au cœur d'un tourbillon judiciaire et émotionnel.
Yvonne Kapinga, à Goma