Réagissant à la question de savoir pourquoi le M23 continue d'attaquer les FARDC malgré le cessez-le-feu annoncé à l'issue de la tripartite de Luanda, Christophe Lutundula, VPM et ministre des affaires étrangères, dit considérer cette façon de faire comme une stratégie de l'ennemi, qui vise à maintenir la RDC dans un état d'ingouvernabilité afin de créer des espaces libres d'exploitation illicite des matières premières.
L’autre motivation derrière, d'après le chef de la diplomatie congolaise, c'est de faire échouer le processus de Nairobi en vue du retour de la paix dans la partie Est de la RDC.
" Comment justifiez-vous la reprise des activités ? C'est ça la question fondamentale. ça fait depuis 2013 si je ne m'abuse et puis ça vient comme un fantôme armé jusqu'aux dents. Ce n'est pas moi qui le dit, les Nations-Unies l'ont dit. Nous sommes à Nairobi, il y a un processus global entre la RDC, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda … nous tous qui avons des problèmes des groupes armés et on s'est mis d'accord sur ce qu'il faut faire. C'est quand même drôle, c'est pendant qu'on est en négociation que le M23 tire sur les Congolais (...). En réalité, comme on dit chez nous ici, lorsque vous voyez le poussin qui prend de la dimension, ça signifie en fait au dessus de lui, il y a la poule qui donne la dimension donc on veut maintenir le pays dans la situation d'ingouvernabilité, en infusant dans le sang congolais l'instabilité, en mettant dans nos têtes un complexe, et on veut créer des espaces de libre exploitation. On veut se donner l’ampleur du bœuf Rappelez-vous de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, on veut bloquer le processus de Nairobi, c'est ça le vrai problème, la vraie motivation quant au retour sur la scène du M23 ", a réagi Christophe Lutundula au briefing de ce jeudi 7 juillet avec le porte-parole du gouvernement.
Le cessez-le-feu annoncé mercredi à Luanda à l'issue d'un sommet entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame "n'engage pas le M23", a déclaré jeudi à l'AFP, le porte-parole du mouvement rebelle.
" Nous sommes des Congolais, pas des Rwandais. S'il y a un cessez-le-feu, cela ne peut être qu'entre nous et le gouvernement congolais", a indiqué Willy Ngoma, porte-parole du M23, mouvement dont la résurgence dans l'est de la RDC a provoqué les tensions actuelles entre la RDC et le Rwanda.
Selon des sources concordantes interrogées depuis Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, de nouveaux affrontements ont opposé jeudi matin les forces armées de RDC (FARDC) aux rebelles du M23, qui se sont emparés d'une localité du territoire de Rutshuru, Kanyabusoro.
Un commandant des FARDC a accusé les rebelles d'avoir attaqué les militaires qui se trouvaient là, en violation du cessez-le-feu annoncé la veille, ce que le M23 a démenti, accusant en retour l'armée de l'avoir attaqué.
Le M23, pour "Mouvement du 23 mars", est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 qui a repris les armes en fin d'année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda conteste.
Clément Muamba