Les États-Unis aux côtés de la RDC pour une démocratie que méritent et peuvent établir les Congolais - Carte blanche de Mike Hammer

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Par Mike Hammer, Ambassadeur des États-Unis en RDC

Du 9 au 10 décembre 2021, le président Biden accueille un sommet virtuel pour la démocratie. Il s'agit du premier des deux Sommets pour la Démocratie qui réuniront 100 dirigeants mondiaux, représentants des gouvernements, de la société civile, des médias et du secteur privé, pour discuter de leurs efforts collectifs en vue de s'attaquer aux plus grandes menaces qui pèsent aujourd'hui sur les démocraties. Le sommet permettra de constituer une plus large communauté de partenaires engagés dans le renouveau démocratique mondial, notamment à travers la lutte contre la corruption et la défense des droits de l'homme. Le président Biden a déclaré que le défi de notre époque consiste à démontrer que les démocraties améliorent la vie quotidienne des citoyens et peuvent mieux s'attaquer aux plus grands problèmes du monde grâce à la représentation et au pluralisme.  Aucune démocratie n'est parfaite, et nous devons travailler chaque jour pour progresser et obtenir des résultats pour notre peuple. Il l'exige et le mérite.  

Le Président Tshisekedi participe au Sommet pour la Démocratie, en reconnaissance de l'opportunité historique, qui se présente sous son leadership, de renforcer la démocratie en RDC, d'améliorer les droits de l'homme, de promouvoir la paix et de combattre la corruption.  Il a dit à juste titre que le Congo n'est pas un pays pauvre, mais un pays qui a souffert d'une mauvaise gouvernance.  Pour réaliser le vaste potentiel de la RDC, pour tirer pleinement parti de ses richesses minières, de ses ressources énergétiques, de son agriculture et de sa population dynamique, il faut avant tout éliminer la corruption.  C'est la préoccupation principale que j'entends lorsque je voyage dans le pays. Même la violence dans l'est est liée à la corruption et à l'exploitation illégale des ressources naturelles qui finance les groupes armés et les terroristes. Et la lutte contre la corruption est un thème majeur du Sommet pour la Démocratie.

La semaine dernière, j'ai rencontré le Président Tshisekedi et le Premier Ministre, ainsi que des leaders de la société civile pour discuter des engagements de la RDC en matière de lutte contre la corruption et d'élections – deux éléments clés pour faire avancer ce pays. Les États-Unis se sont engagés à faire progresser la démocratie en RDC en soutenant la tâche ardue nécessaire pour faire des progrès en matière d'élections, de droits de l'homme, de liberté de la presse, de lutte contre la corruption, de bonne gouvernance, d'État de droit et de lutte contre le terrorisme. Dans le cadre du partenariat privilégié pour la paix, la prospérité et la préservation de l'environnement entre les États-Unis et la RDC, les fonds de soutien américains sont axés sur l'investissement dans les personnes – afin de renforcer leurs capacités, de développer leurs réseaux et de leur fournir les outils nécessaires pour répondre aux aspirations du peuple congolais. En effet, au cœur du changement démocratique se trouve le peuple congolais qui dirige et participe aux réformes cruciales pour un avenir meilleur.

Des Congolais de tous horizons m'ont fait part de leur profond désir de voir le changement, pour permettre à la RDC de continuer sur une trajectoire positive. Alors que nous reconnaissons le travail ardu nécessaire pour asseoir et maintenir une démocratie, je voudrais souligner certains des domaines clés où les progrès renforceront la démocratie en RDC.

Tout d'abord, une démocratie a besoin d'une presse libre pour exercer des contrôles et des contrepoids sur le gouvernement. L'adoption du projet de loi sur l'accès à l'information et la dépénalisation des délits de presse, y compris la diffamation, marquerait l'engagement de la RDC envers les journalistes et la transparence, et enverrait un message clair aux gouvernements locaux et aux forces de l'ordre que la censure et la répression de la dissidence sont les outils des régimes passés qui n'ont pas leur place dans une démocratie. Quoique la liberté de la presse soit essentielle, nous constatons également une augmentation des discours de haine et de la désinformation en RDC.  Les dirigeants politiques doivent s'élever contre ces perversions de la liberté d'expression. En améliorant l'accès à l'information et la liberté de la presse, la RDC a de meilleures chances de contrer ce type d'utilisation abusive des médias sociaux. Nous nous réjouissons du projet du Ministre de la Communication et des Médias, Patrick MUYAYA, d'organiser des États Généraux de la presse en vue de renforcer la liberté de la presse et les protections des journalistes. Nous sommes impatients de soutenir cette initiative dans les mois à venir.

Deuxièmement, la lutte contre la corruption est essentielle à la redevabilité et à la croissance économique. Comment se fait-il qu'un pays doté de ressources naturelles valant des trillions de dollars ait également l'une des populations les plus pauvres du monde ? Le Président Biden a qualifié la corruption de cancer dans toute société et le Président Tshisekedi dans son intervention au Sommet pour la Démocratie a désigné la corruption comme « la gangrène » qui entrave le développement de la nation. En RDC, la corruption est responsable du vol de milliards de dollars de ressources qui appartiennent au peuple congolais. Tenir les fonctionnaires et les entreprises corrompus responsables par le biais de poursuites et de sanctions est louable ; mais il en faut plus. Les richesses de la RDC doivent être gérées de manière transparente et correcte pour répondre aux besoins de la population et permettre au pays de prospérer.  Lorsque les gens me demandent pourquoi les investisseurs américains ne viennent pas en RDC, la réponse est simple : la corruption. Nos lois – notamment le Foreign Corrupt Practices Act – interdisent aux entreprises américaines de faire des affaires lorsqu'il y a de la corruption. Mais la RDC est en train de changer et nous saluons les efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption, notamment dans le secteur minier.    Les entreprises américaines sont bonnes pour le Congo parce qu'elles respectent les lois locales, honorent leurs contrats, veillent à la sécurité des travailleurs, sont soucieuses de la protection de l'environnement, fournissent des emplois bien rémunérés et apportent des technologies et des meilleures pratiques de classe mondiale.  

Un exemple de la manière dont la collaboration entre les États-Unis et la RDC est bénéfique pour le peuple congolais nous vient du Maire de Bayeke, Sa Majesté Mwami Munongo, qui s'est exprimé le lundi en marge du Sommet pour la Démocratie. Grâce à l'appui de l'Agence des ÉtatsUnis pour le développement international (USAID) en matière de gestion des finances publiques pour gérer de manière transparente les redevances minières avec sa communauté, il a pu doter sa chefferie d'une université technique spécialisée dans les domaines de l'électricité, des mines, de la géologie, de l'informatique, de l'agronomie, ainsi que d'un institut technique médical comprenant la radiographie. En outre, les redevances minières ont été utilisées pour subventionner 500 étudiants, leur donnant ainsi les qualifications et l'expérience nécessaires pour être compétitifs sur le marché de l'emploi. Les dirigeants forts sont attentifs aux besoins de la population et utilisent les ressources du Congo pour le développement de la RDC.

Troisièmement, la paix et la sécurité sont essentielles. La démocratie de la RDC dépend de la stabilité à l'Est. La lutte contre le terrorisme est essentielle et nécessite une coopération internationale.  Cependant, les droits de l'homme doivent également être respectés.  Les poursuites judiciaires et les condamnations des contrevenants envoient un signal fort que l'impunité n'a plus sa place en RDC, et contribueront à l'instauration d'une paix durable.

Quatrièmement, l'engagement en faveur des droits de l'homme est un baromètre de la démocratie.  Les États-Unis soutiennent l'engagement de la RDC à améliorer les droits de l'homme par le biais du dialogue bilatéral sur les droits de l'homme que nous avons lancé en juin dernier avec le Ministre Puela.  Nous saluons les efforts conjugués par le gouvernement pour rédiger une législation contre la traite des personnes afin de lutter contre l'esclavage moderne dont, malheureusement, trop de Congolais, surtout des femmes et des enfants, sont victimes chaque jour. Nous reconnaissons également ses efforts pour mettre fin à l'utilisation d'enfants soldats et pour éliminer le travail des enfants. Nous attendons avec impatience l'adoption par l'Assemblée Nationale de cette importante loi contre la traite des êtres humains.

 Enfin, parlons des élections. Comme l'a récemment dit le Secrétaire Blinken à Abuja, « les Américains et les Africains partagent le désir ardent de vivre dans des endroits où leurs droits sont respectés, où leurs voix sont entendues, où leurs gouvernements leur rendent des comptes et travaillent pour le peuple ». Les États-Unis reconnaissent l'engagement du président Tshisekedi en faveur d'élections inclusives, libres, équitables et transparentes en RDC en 2023 et, conformément à sa demande que la communauté internationale accompagne cet effort, nous nous tenons prêts à apporter notre soutien. Le désir de démocratie du peuple congolais est inné.  Je vois le dynamisme de la jeunesse de la RDC qui veut avoir la chance d'exprimer ses opinions et de participer au changement. Les manifestations pacifiques sont une forme de liberté d'expression qui rappelle aux gouvernements leurs obligations envers leurs citoyens.  Les ÉtatsUnis s'engagent à continuer à soutenir la RDC par des activités qui favorisent un processus électoral crédible et une participation inclusive de la société civile, en promouvant en particulier les voix des femmes et des jeunes. Nous sommes ravis de voir Merveille Gozo, une jeune avocate congolaise et tête de file de la société civile sur la réforme électorale, parmi les participants à la Conférence des Jeunes du Sommet pour la Démocratie cette semaine. Elle illustre la volonté de la jeunesse congolaise d'exiger le changement et de participer activement à ce changement.

Dans un an, le Président Biden accueillera un autre Sommet pour la Démocratie. Ce sera l'occasion pour la RDC et sa société dynamique de présenter les progrès réalisés au cours de la prochaine année d'action. Les États-Unis continueront à soutenir la RDC pour qu'elle puisse faire entendre la voix de son propre peuple et utiliser ses propres ressources pour sortir le pays et son peuple de la pauvreté, en vue d'un avenir plus démocratique et plus prospère.  Le temps est venu de montrer au monde entier le dynamisme, la passion, l'ingéniosité et les idéaux démocratiques du peuple congolais.  Le « changement de narratif » doit être guidé par l'action et les résultats – nous ne sous-estimons pas la difficulté du défi mais nous sommes optimiste, d'après ce que nous avons vécu en RDC ces trois dernières années quant au courage, à la décence, à la résilience et à la force du peuple congolais, qu'un avenir meilleur est non seulement ce que vous méritez, mais il est aussi réalisable.      

L’ambassadeur Michael (Mike) A. Hammer a été confirmé dans ses fonctions d’ambassadeur des États-Unis auprès de la République démocratique du Congo le 6 septembre 2018.