Lubero : suite au manque d’ambulance dans la zone de santé de Biena, difficile d’effectuer le transfert des malades vers d’autres établissements sanitaires

ACTUALITE.CD

L'hôpital général de référence de Mambowa, situé dans la zone de santé de Biena (territoire de Lubero), au Nord-Kivu, fait face à une crise due au manque d'ambulance pour l'évacuation des malades vers d'autres structures sanitaires. Cette situation contraint les patients à se débrouiller pour opérer le transfert vers d’autres établissements sanitaires avec d'énormes risques. Les malades référés vers la ville de Butembo doivent recourir à des véhicules de transport en commun, augmentant ainsi leur vulnérabilité.

Le docteur Thembo Kipisa Dimitrio, médecin directeur de l'hôpital général de référence de Mambowa, explique à ACTUALITÉ.CD que cela fait plusieurs mois que la seule ambulance de cet établissement est immobilisée à cause d'une panne survenue en février dernier, suite à un accident sur le tronçon Butembo-Beni. Il a souligné qu'il faut plus de 3 500 USD pour remettre l'ambulance en service.

Il indique qu'actuellement, les malades référés sont transportés à bord de véhicules de transport en commun, souvent dans des conditions précaires et non hygiéniques. Ce recours aux moyens improvisés accroît les risques de complications médicales, voire de décès en cours de route.

« Actuellement, la zone de santé de Biena, en particulier l’hôpital général de Mambowa, fait face à un sérieux problème de transfert des malades vers des structures spécialisées, faute d’ambulance.

Pour vous relater la situation, l’ambulance que nous utilisions auparavant était une dotation du député national Julien Paluku Kahongya, reçue en 2023.

Cependant, depuis juin 2024, la zone de santé de Biena a été envahie par des inciviques, présumés membres des ADF, qui ont fait de nombreuses victimes dans différentes aires de santé. Cette ambulance avait alors joué un rôle crucial en assurant le transport des blessés depuis les lieux de massacre vers les structures de prise en charge.

Le CICR, qui prend en charge les cas les plus compliqués, nous vient également en aide. Grâce à cette ambulance, nous pouvions référer directement les patients graves vers Beni.

Malheureusement, lors d’un transfert de six victimes des massacres des ADF vers Beni, l’ambulance a été gravement accidentée et a subi une panne majeure qui l’a rendue totalement inutilisable.

Depuis février 2025, je peux donc vous confirmer que la zone de santé de Biena ne dispose plus d’ambulance », a-t-il fait savoir.

Et de poursuivre :

« Et comme conséquence, lorsqu’il y a absence d’ambulance, cela signifie que les malades sont transférés dans des conditions anormales : certains sont transportés dans des voitures non adaptées au transport médical, d'autres même sur des motos. C’est une situation vraiment très compliquée, qui peut entraîner des décès en cours de route.

Une autre conséquence importante, c’est le retard dans la prise en charge. Je vous disais que lorsque nous avons des cas graves, notamment des blessés graves en plus dans une zone rouge où les ADF sont très actifs, il nous arrive parfois de devoir sélectionner les cas qui nécessitent une évacuation urgente. Mais, en raison du manque d’ambulances, cette prise en charge est retardée.

Parfois, nous faisons appel au CICR pour leur signaler que nous avons deux ou trois patients qui nécessitent une évacuation. Ils peuvent nous répondre de chercher une ambulance sur place, mais comme nous n'avons pas de moyen de transport, les malades attendent, et leur prise en charge efficace est retardée. Cela peut avoir un impact direct sur l’évolution de leur état de santé », a-t-il déploré.

Le médecin directeur de l'hôpital général de Mambowa fait savoir que la gravité de la situation a été accentuée par des cas, comme celui d'un décès infantile survenu récemment à cause de l'absence d'une ambulance pour permettre une évacuation urgente d'une femme enceinte.

Cette situation n'est pas un cas isolé. L’année dernière, une alerté a été donnée par un notable de la région, sur le fait que d'autres zones de santé, comme Lubero et Mangurijipa, se trouvent dans une situation similaire. Avec une population totale dépassant plus de 400 000 habitants, ces zones éprouvent d'énormes difficultés à gérer les urgences.

Le médecin directeur de l'hôpital général de référence de Mambowa lance un appel pressant aux autorités, aux partenaires de santé, ainsi qu’aux personnes de bonnes volontés pour financer la réparation de l’ambulance en panne.

Josué Mutanava, à Goma