L’attaque du 20 octobre 2020 de la prison de Beni par des combattants des ADF a été un tournant dans la recrudescence de la violence et a négativement impacté les efforts de lutte contre l’impunité, note le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo (RDC) dans son dernier rapport semestriel. Plus de 1 300 détenus parmi lesquels des membres de groupes armés et des forces de sécurité et de défense condamnées ou en détention préventive dans le cadre des procédures judiciaires s’étaient évadés.
Cette évasion spectaculaire s’est déroulée une semaine avant le début d’un procès d’envergure contre des combattants des groupes armés dont les ADF.
L’attaque a eu lieu entre deux et quatre heures du matin alors que le dispositif sécuritaire autour de la prison était faible, dit le BCNUDH.
« Les multiples alertes données par le personnel des FARDC assignés à la surveillance de la prison en vue d’obtenir des renforts n’ont pas eu de suite de la part de leurs supérieurs hiérarchiques. Leurs positions ont alors été abandonnées, permettant aux détenus - dont des condamnées militaires, des groupes armés et de dangereux criminels – de s’enfuir », explique le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme en République démocratique du Congo.
La première conséquence a été le report du procès de la Cour militaire opérationnelle qui aurait dû avoir lieu le 25 octobre 2020. Les témoins et victimes dont la protection et le transport vers Beni avait été soutenu par le BCNUDH ont dû reporter également leur déplacement et des mesures supplémentaires de protection ont été adoptées et mises en œuvre en leur faveur. Pour l’instant, le BCNUDH n’a pas documenté de cas de représailles contre ces victimes et témoins, ni contre ceux qui ont participé aux procès précédents. Le dispositif de suivi mis en place continue de collecter des informations et d’appuyer les organisations de soutien aux victimes et témoins.
La MONUSCO a annoncé qu'elle va appuyer le renforcement de la sécurité de cette prison. Elle aussi dit qu’elle va construire cinq bases militaires modernes pour l’Armée congolaise dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). L’objectif, dit la mission onusienne, est d’améliorer les capacités opérationnelles des FARDC dans la lutte contre les combattants de l’ADF. La nouvelle qu’à été confirmée, vendredi par David Gressly, Représentant spécial Adjoint du Secrétaire général de l'ONU en RDC, en Charge des opérations et de la protection. Les travaux doivent commencer au début de l’année 2021.