Au cours de l’audience qui s’est tenue ce lundi 11 mai à la prison de Makala, Vital Kamerhe a été appelé à clarifier son rôle dans l’exécution des travaux de 100 jours. “ En quelle qualité êtes-vous intervenu dans l'exécution de ce programme ? Directeur de Cabinet ou toute autre qualité ? Quel rôle avez-vous joué dans l'exécution de ce programme ?” Telles ont été les questions du juge à l’intention de Vital Kamerhe, directeur de cabinet du président de la République Félix Tshisekedi.
Dans sa réponse, Kamerhe a commencé par planter le décor qui a justifié son intervention dans l’exécution du programme de 100 jours : “ d'habitude le programme, c'est celui du Premier ministre. Nous avions un Premier ministre issu d'une assemblée qui venait d'être balayée par une nouvelle assemblée et nous n’avions pas un Premier ministre. Le président de la République devrait croiser les bras pendant 7 mois et rien faire ?” s’est interrogé Vital Kamerhe avant de poursuivre : “ je suis intervenu au nom du président de la République pour que ces travaux se fassent et que nous puissions répondre aux besoins pressants du peuple congolais dans le secteur de l'éducation, de la santé, des routes (...)” .
Vital Kamerhe a également précisé qu’il n’était pas le seul à assurer la coordination de ce programme. Il y avait 9 autres personnes dont les anciens ministre des Finances et du budget du gouvernement Tshibala et le Directeur de la Banque Centrale du Congo.
Le Tribunal a décidé de renvoyer le procès Vital Kamerhe et ses coaccusés au 25 mai prochain en attendant l’instruction du dossier.
L’audience de ce lundi a consisté notamment à l’identification des prévenus. La défense a aussi présenté certaines préoccupations liées à l’affaire.
Contexte
Le dossier concerne deux marchés publics entre le gouvernement congolais et deux sociétés de l’entrepreneur libanais Samih Jammal, représentant en RDC de la société de construction turque Karbod.
Le premier marché, dont un avenant au contrat avait été signé en avril 2019, prévoyait la construction de 1500 logements sociaux pour un coût de 57,5 millions USD. Ces maisons préfabriquées en Turquie par Karbod devraient être acheminées, montées et livrées en RDC par les sociétés de Samih Jammal.
Alors que la première commande n’est pas encore honorée, Samih Jammal bénéficiera d’un autre contrat de gré à gré de plus de 57 millions USD pour la construction de 3 000 maisons destinées aux policiers et aux militaires. En résumé, le montant total pour les deux marchés font environ 114 millions USD. Presque 60 millions USD, ont été décaissés dont près de 35 millions USD en liquide. Jusque-là, Karmod qui préfabrique ces maisons n’a reçu qu’environ 8 millions USD.