Le Général autoproclamé Kakule Sikuli Lafontaine, Chef de l’un des groupes armés Mai-mai en l’occurrence l’Union des patriotes congolais pour la paix (UPCP) a décidé de déposer les armes. Il l’a indiqué ce lundi 4 mai à Goma (Nord-Kivu), au terme d’une rencontre avec le comité provincial de sécurité.
Le Chef de l’UPCP était accompagné de Kakule Je t’aime, l’autre Chef rebelle qui s’est, lui, rendu en mars dernier avec plus de 200 hommes. Kakule Sikuli Lafontaine dont la milice est active en territoire de Lubero (Nord-Kivu) dit déposer les armes pour rejoindre le processus de pacification de la région.
« Je viens répondre effectivement à l’appel du Chef de l’Etat, son excellence Felix Tshisekedi Tshilombo parce qu’il a au moins le souci de ramener la paix en République démocratique du Congo, particulièrement dans l’Est. C’est le Gouverneur qui nous a sensibilisés (pour la reddition) », a indiqué à la presse Kakule Sikuli Lafontaine qui n’a cependant fourni aucun détail sur ses hommes et ses armes.
Ce que l’on sait de Sikuli Lafontaine
D’après le Groupe d’Associations de Défense des Droits de l’Homme et de la Paix (GADHOP), une plateforme d’une dizaine d’ONG de défense des droits de l’homme basée à Butembo (Nord-Kivu), la milice de Sikuli Lafontaine, l’Union des patriotes congolais pour la paix (UPCP) était basée à Bunyatenge, au Sud du territoire de Lubero. Il y a plus de cinq ans, son groupe avait réussi, «à créer un «modus vivendi» avec les FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) en leur interdisant de commettre de nombreuses violations des droits humains auxquelles ces derniers s’adonnaient chaque jour, comme les incendies des villages, les braquages sur les routes, les viols des femmes».
Ce qui amenait certaines organisations, comme le GADHOP, à estimer que Lafontaine détenait « la clé du désarmement des FDLR étant donnée ses relations de collaboration et de confiance mutuelle ». Mais la coalition de FDLR-UPCP a été fragilisée avec la montée en puissance, en 2015 notamment, des groupes Mai-mai Kyaghanda Yira et plus tard Union des Patriotes pour la Défense des Indignés (UPDI).
D’après un rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), certains éléments de l’UPCP de Lafontaine avaient d’ailleurs résolu de se joindre à l’UPDI « pour combattre ce que la plupart d’entre eux qualifient d’occupation étrangère ». Des analystes présentent ainsi le groupe de Lafontaine comme étant affaibli.
« Lafontaine est l'un des vétérans de Chefs Maï-maï de la région notamment dans le sud de Lubero. Officiellement, il a pris les armes pour protéger sa terre natale de l'invasion des Rwandais spécialement Tutsi. Il a souvent travaillé avec les FDLR. Il a fait autant de reddition et est retourné en brousse estimant que Kinshasa n'était pas sincère. Récemment, il a rejoint une coalition de groupes armés du Grand Nord en Ouganda. Certaines sources estiment qu'il n'a plus assez d'influence après avoir perdu beaucoup de ses hommes. Ce qui le pousse à saisir la main tendue de Kinshasa », indique à ACTUALITE.CD, le journaliste Nicaise Kibel Bel'Oka, qui a beaucoup documenté la dynamique des conflits dans l'Est du Congo.
Une reddition saluée
Le gouverneur du Nord-Kivu a salué cette reddition de Sikuli Lafontaine et de son allié Je t’aime.
« Nous voudrions saluer la reddition de deux groupes armés pilotés par Je t’aime et Sikuli Lafontaine. Ils ont accepté la reddition. Nous venons de les recevoir dans notre bureau ici pour qu’ils puissent nous aider à sensibiliser d’autres compatriotes qui sont encore dans la province du Nord-Kivu avec les armes. Notre souhait, c’est toujours accompagner la politique du Chef de l’Etat, la politique du gouvernement pour que le Nord-Kivu ait la paix », a déclaré le Gouverneur Carly Nzanzu Kasivita.
Claude Sengenya