La signature à Washington, le 25 avril dernier, d'une Déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda, en présence du Secrétaire d'État américain, suscite de vives inquiétudes quant à la sécurisation des ressources naturelles congolaises. Bien que cet accord soit censé poser les bases d’un futur traité de paix, il élude un point essentiel, celui de la reconnaissance explicite de l’agression rwandaise, pourtant bien documentée par l’ONU. Cette omission fragilise la position congolaise et pourrait légitimer, par un flou juridique, les incursions de Kigali sous prétexte de lutte contre les groupes armés comme les FDLR.
En matière de sécurité, l’accord prévoit la création d’un mécanisme conjoint pour lutter contre les groupes armés. Mais cette proposition soulève la crainte d’une réintroduction des opérations militaires rwandaises en RDC, ce qui pourrait relancer l’instabilité, comme cela s’est produit lors des interventions de 2009. Le Rwanda pourrait utiliser ce cadre pour justifier une présence armée dans l’Est, tandis que l'État congolais, affaibli, risque de perdre davantage le contrôle sur ses territoires riches en ressources minières stratégiques.
L’intégration économique régionale envisagée par l’accord est un autre point sensible. Sous couvert d’ouverture à l’investissement américain, elle pourrait aboutir à la création d’un espace économique transfrontalier qui ne tiendrait pas compte de l’origine des minerais. Dans ce système, la souveraineté congolaise sur ses ressources serait diluée, au profit du Rwanda, plus attractif pour les investisseurs étrangers. Ce dernier, bénéficiant d’un meilleur cadre légal et institutionnel, risquerait de devenir le principal bénéficiaire de la chaîne d’approvisionnement en minerais stratégiques, au détriment des communautés congolaises.
Des questions fondamentales restent sans réponse telles que comment assurer la souveraineté de la RDC sur ses minerais ? Quelles garanties de sécurité pour les populations de l’Est ? Et surtout, quelles réformes internes la RDC doit-elle mettre en place pour tirer profit de tels accords ? Face à ces enjeux, des voix comme celle du chercheur Martin Ziakwau appellent le Gouvernement congolais à insérer une clause de ratification parlementaire pour garantir une transparence démocratique et préserver les intérêts stratégiques du pays.