Discussions sur l'accord de paix dans l'Est de la RDC : l'UE insiste sur des mécanismes forts de justice internationale lors de la mise en œuvre des futurs accords

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Nicolas Berlanga, ambassadeur de l’Union Européenne en RDC

Les Européens ont célébré, vendredi 9 mai 2025, la Journée de l'Europe, marquant le 75e anniversaire de la Déclaration Schuman, qui a jeté les bases de l'Union européenne et ouvert la voie à une ère inédite de prospérité, de paix, de démocratie, de solidarité et de coopération en Europe. À cette occasion, de nombreux événements ont été organisés dans les États membres de l’UE et à travers le monde, réunissant des citoyens de divers horizons.

À Kinshasa, l’ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Nicolás Berlanga-Martinez, a réaffirmé le soutien de son institution aux initiatives de paix en cours pour le retour de la stabilité dans l'Est de la RDC. Ce fut pour lui l’occasion de tirer la sonnette d’alarme sur la nécessité de mettre en place des mécanismes solides de vérification des accords.

« Pourquoi tous les accords de paix conclus ces dernières décennies n'ont-ils pas abouti à un résultat durable ? Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que tout accord doit comporter un mécanisme fort de vérification. Vous aussi, madame la ministre des Affaires étrangères (NDLR : Thérèse Kayikwamba Wagner), vous avez défendu des idées claires : la paix ne peut se construire sur l’oubli. Il faut également une forme de redevabilité pour les actes commis récemment, et il est essentiel de prévoir des garanties, afin que toute personne ne respectant pas l’accord puisse être désignée et tenue responsable par le biais des mécanismes de justice internationale. Sachez que nous vous soutenons pleinement dans toutes ces revendications », a déclaré le diplomate européen dans son allocution.

Abordant la question des partenariats à la suite des discussions entre la RDC et les États-Unis sur les minerais critiques, Nicolás Berlanga-Martinez a indiqué que l’Union européenne ne saurait interdire à la RDC de nouer des partenariats. Il est aussi revenu sur les spécificités du partenariat entre l’UE et la RDC.

« Chers amis de la RDC, l'Union européenne et ses États membres ne vous demanderont jamais de choisir entre vos partenaires. Au contraire, au XXIe siècle, la leçon à tirer, c’est qu’il faut intégrer plutôt que ségréguer. En tout cas, nous sommes fiers — l’Union européenne et ses États membres — de vous assurer que nous sommes un partenaire humain, prévisible, fiable, proche, qui souhaite construire un avenir commun, aujourd’hui comme demain. Nous partageons, la RDC et l’UE, de nombreuses valeurs, notamment la liberté d’expression, la participation politique, et la primauté du droit sur la force », a-t-il fait savoir.

Dans le cadre du renforcement du partenariat entre l’Union africaine et l’Union européenne, le diplomate a annoncé la tenue prochaine de réunions ministérielles à Bruxelles, suivies d’un sommet des chefs d’État.

« Madame la Ministre d’État, vous vous rendrez bientôt à Bruxelles, le 21 mai, pour la réunion ministérielle Union africaine–Union européenne. Un peu plus tard dans l’année, probablement en août, se tiendra le sommet des chefs d’État Union européenne–Union africaine. Ces rencontres s’inscrivent dans un programme commun. Les priorités y sont définies conjointement, et les discussions se tiennent sur la base de l’égalité. Bien sûr, certaines voix, en Europe comme en Afrique, continueront à parler d’imposition ou d’impérialisme, mais elles se trompent. Nous continuerons de défendre notre vision d’un destin partagé », a affirmé le diplomate.

Alors que se poursuit la guerre d’agression rwandaise via la rébellion du M23, l’Union européenne réaffirme son soutien à la défense de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et dénonce l’appui du Rwanda à ce mouvement rebelle. En mars dernier, l’UE a adopté des sanctions ciblées contre plusieurs officiers de la Rwanda Defence Force (RDF) et membres du M23. Ces mesures visent des responsables accusés de jouer un rôle clé dans la déstabilisation de l’Est de la RDC.

Parmi les personnes sanctionnées figurent Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales de la RDF ; Eugène Nkubito, commandant de la 3ᵉ division de la RDF, présente au Nord-Kivu depuis août 2022 ; Pascal Muhizi, brigadier général, commandant de la 2ᵉ division, déployée depuis août 2023. Dans les rangs du M23, sont visés Bertrand Bisimwa, président du mouvement, déjà sous sanctions onusiennes ; Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande ; John Imani Nzenze, colonel du M23 ; Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi, chef adjoint des finances ; et Jean Bahati Musanga, ancien responsable financier du groupe, actuellement gouverneur autoproclamé de l’administration rebelle à Goma.

Ces sanctions s’inscrivent dans la ligne de la position européenne, qui appelle au respect de la souveraineté de la RDC et à la fin des violences dans l’Est du pays.

Clément MUAMBA