Kinshasa : au Rond-point Ngaba, voie publique encombrée, aliments exposés et insalubrité alarmante

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Rond-Point Ngaba

Au rond-point Ngaba, dans la capitale congolaise, la chaussée est progressivement transformée en marché à ciel ouvert, au mépris des règles d’hygiène et de sécurité. Des dizaines de vendeuses, installées à même la route, jonchent les lieux de déchets, compliquant sérieusement la circulation et exposant les riverains à des risques sanitaires.

Occupant la moitié du macadam, ces marchandes exposent fruits, légumes, poissons et autres produits périssables à même le sol, souvent à proximité d’amas d’immondices. Un environnement propice à la prolifération de virus, de parasites et de bactéries, menaçant directement la santé des consommateurs.

« Ces femmes sont là pour tuer les habitants avec leurs marchandises mal conservées. C’est du poison à long terme. Elles devraient être arrêtées », s’emporte un passager d’un bus coincé dans un embouteillage.

Au-delà de l’indignation populaire, la situation révèle une réalité plus complexe. Nombre de ces femmes sont issues de milieux précaires. Elles n’ont pas accès à des marchés officiels et se rabattent sur la rue pour survivre. Leur présence est donc autant un problème d’ordre public qu’un symptôme d’inégalités sociales persistantes.

Si les forces de l’ordre interviennent parfois pour déguerpir les vendeuses, les résultats restent éphémères. En l’absence de solutions alternatives viables, les commerçantes reviennent inévitablement occuper les lieux.

Cette occupation anarchique entraîne non seulement des embouteillages monstres sur cet axe très fréquenté, mais aussi une dégradation du cadre de vie. Les caniveaux bouchés par les déchets favorisent les inondations, accentuant les risques d’épidémies. Certains usagers attribuent les embouteillages monstres à la présence de grands véhicules qui empruntent la route pour se rendre au Kongo-Central.

L’état des caniveaux, souvent bouchés dans ce carrefour, est également mis en cause. De plus, des voitures en panne garées près des routes posent problème, expliquait un motard il y a quelques mois.

« Les embouteillages sont souvent causés par les policiers de roulage qui ne pensent qu'à prendre de l'argent de nos mains, le délabrement de la route, les caniveaux remplis de plastique, les vendeurs qui viennent s'installer juste à côté des routes, les tracasseries des agents de transport, tout cela nous fait souffrir ici, voilà les causes des embouteillages », racontait-il à ACTUALITE.CD

Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour exiger des mesures concrètes car, estiment-elles, une solution durable ne saurait se limiter à des expulsions ponctuelles. Kinshasa ne pourra retrouver son surnom de "Kin la Belle" qu’en combinant rigueur dans la gestion urbaine et humanité dans le traitement de ses populations vulnérables.

A son époque, le gouverneur Gentiny Ngobila avait lancé l'opération de démolition anarchique à une distance de 5 mètres pour libérer l'espace public et faciliter la circulation des moyens de transport. Le nouveau gouverneur, Daniel Bumba, dans son programme “Kinshasa ezo bonga”, accorde une place importante aux infrastructures et au curage des caniveaux.

Cependant, le gouvernement provincial de Kinshasa a lancé, ce week-end, une opération de démolition des constructions anarchiques érigées sur le site de la Gare de Kintambo. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la lutte contre les parkings sauvages et l’occupation illégale des emprises publiques, souvent utilisées comme arrêts pour taxis et bus.

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Marie Christelle Mavinga, stagiaire