Vendredi 16 août, le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a annoncé que les listes des ministrables déposées auprès de lui par le FCC (Front Commun pour le Congo) et CACH (Cap pour le changement) ont été retournées auprès des coordonnateurs des deux plateformes afin de “corriger” le travail “inachevé”. Pour Christian Moleka, coordonnateur de la Dynamique des politologues (Dypol), la présence des personnalités sous sanctions pourrait bloquer l’aide financière internationale en faveur du pays.
« L'une des missions du gouvernement devrait être de mobiliser la contribution internationale. L’une des responsabilités du gouvernement sera de rechercher le financement. Parce que le président de la République pendant la campagne électorale avait fait la promesse de mobiliser quatre-vingt milliards de dollars américains à l'espace de cinq ans. Il s'avère en effet que la responsabilité sera d'interagir avec les partenaires qui sont à même d'amener le projet qui vont lui permettre de réaliser ce budget. Or si vous avez dans un gouvernement des personnes qui sont dans l’incapacité de mobilité du fait qu'elles sont sous sanctions internationales, il est difficile d'envisager parfaitement une bonne coopération avec les interlocuteurs aussi prestigieux que les Européens et les Américains. Ce qui est déjà un handicap majeur pour celui qui est appelé à interagir avec les partenaires »,a expliqué Christian Moleka.
Le moyen d’éviter un éventuel blocage est de ne pas nommer les personnalités concernées par ces sanctions dans le prochain gouvernement afin, dit-il, de favoriser une bonne politique internationale du pays.
« Ceux qui sont frappés par les sanctions internationales constitueront un handicap dans les négociations. Pour moi, ces gens-là devraient être mis dans l'ombre pour favoriser une approche sécrète des négociations internationales », a souhaité le politologue.
Selon M. Moleka, si au finish le gouvernement comporte des personnalités sous sanctions, le pays risque de ne pas être en mesure de mobiliser l’aide financière internationale.
Le chef du gouvernement dit attendre, ce week-end, les versions “corrigées” des listes de la coalition au pouvoir et espère les déposer la semaine prochaine auprès de Félix Tshisekedi.
Les confessions religieuses de la RDC ont aussi demandé au Premier ministre de ne pas nommer dans le gouvernement des personnes frappées par les sanctions de l’Union Européenne (EU) et des Etats-Unis. La même demande a été formulée aussi par plusieurs ONG internationales dont Amnesty international.
15 personnalités congolaises sont sous le coup des sanctions européennes depuis le mois de mai 2017 jusqu’à ce jour. Elles sont accusées par l’Union européenne de violation des droits de l’homme en République démocratique du Congo. Parmi ces personnalités, il y a Kalev Mutond, l’ancien chef du service de renseignement, Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), Evariste Boshab, actuellement sénateur pour le compte de la province du Kasaï, Lambert Mende, ancien porte-parole du gouvernement.
Georges Kanyonga