Clôture du 7e sommet UE-UA : à Luanda, ACTUALITE.CD revient sur les grandes lignes de la déclaration conjointe autour d’un « partenariat stratégique » entre l’Europe et l’Afrique 

Sommet UE-UA à Luanda
Sommet UE-UA à Luanda

Ouvert lundi, le 7ème sommet de l’Union européenne et l’Union africaine s’est achevé ce mardi 25 novembre 2025 à Luanda, en Angola. Les deux parties ont adopté une déclaration conjointe articulée autour de 49 points principaux. ACTUALITE.CD qui a couvert le sommet sur place à Luanda, revient sur quelques axes saillants de cette déclaration conjointe entre l’Europe et l’Afrique.

Un partenariat présenté comme « stratégique, unique et résilient »

Les dirigeants africains et européens ont ouvertement célébré « un partenariat stratégique qui s’est approfondi en portée, ambition et importance politique », porté par des liens institutionnels, commerciaux, d’investissement et humains jugés « exceptionnellement solides ».

La déclaration souligne que cette coopération, engagée depuis 25 ans, s’aligne à la fois sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les priorités stratégiques de l’Union européenne et les objectifs du développement durable (Agenda 2030). L’Europe réaffirme son soutien aux priorités de développement du continent et se dit prête à élaborer, avec l’Afrique, un cadre ambitieux pour l’après-2030.

Signe fort, les deux continents affirment que leur avenir commun « repose sur une action collective et une coopération renforcée » dans un contexte géopolitique mondial de plus en plus instable.

Défense de l’ordre multilatéral et des principes de souveraineté

La déclaration conjointe insiste sur la défense d’un ordre international fondé sur le droit, la Charte des Nations unies, les droits humains et le multilatéralisme. L'Afrique et l'Europe rappellent leur attachement au principe de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique ; des principes présentés comme « non négociables ».

Les deux continents appellent également à une réforme profonde des institutions internationales pour mieux répondre aux défis mondiaux, régionaux et nationaux.

Crises et sécurité : préoccupations partagées

Le sommet a été l’occasion de réaffirmer des positions communes sur plusieurs foyers de tension mondiale, notamment :

• La situation dramatique au Soudan, où UA et UE appellent à une cessation immédiate des hostilités et à un accès humanitaire sans entrave ;

• Les conflits persistants en RDC, au Sahel, en Somalie et ailleurs, avec un soutien réaffirmé à la mise en œuvre des accords existants et des mécanismes multilatéraux.

Investissements, Global Gateway et développement des infrastructures

L’un des volets majeurs du texte porte sur l’économie et le développement. Les deux continents saluent les avancées du Programme d’investissement Afrique–Europe du Global Gateway, qui mobilise les fonds publics et privés européens autour de projets stratégiques.

Les institutions financières, telles que BEI, BAD, BERD, sont confirmées comme « partenaires clés ». La déclaration met en avant plusieurs priorités :

• Modernisation des infrastructures de transport, d’énergie et du numérique ;

• Soutien renouvelé au corridor de Lobito, présenté comme un levier majeur de connectivité et d’intégration économique régionale ;

• Approfondissement du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA).

L’UE se dit également prête à soutenir un cadre réglementaire et institutionnel robuste pour la gestion des corridors de transport en Afrique, inspiré du modèle RTE-T européen.

Commerce, ZLECAFet transition climatique

UA et UE s’accordent sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf ; de soutenir la diversification des chaînes de valeurs, notamment dans les secteurs stratégiques et miniers ;de renforcer le dialogue sur les mesures commerciales européennes telles que le CBAM (taxe carbone aux frontières) et le règlement sur la déforestation (EUDR).

Les deux parties reconnaissent toutefois les défis posés aux exportateurs africains dans la transition écologique et promettent davantage d’assistance technique.

Dette, financement et réformes économiques

La question de la dette publique occupe une place importante dans la déclaration.

Les deux continents :

• reconnaissent les efforts budgétaires des pays africains,

• appellent à une réforme de l’architecture internationale de la dette,

• soutiennent des mécanismes plus rapides et plus transparents de restructuration,

• encouragent la création d’instruments financiers innovants pour réduire le coût du capital en Afrique.

Énergie, transition numérique et agriculture

Le texte s’engage notamment à :

• fournir une énergie propre à 100 millions d’Africains d’ici 2030 via l’Initiative Afrique–UE pour l’énergie verte ;

• soutenir la transformation numérique du continent, en réduisant la fracture numérique et en développant des écosystèmes innovants autour de l’IA ;

• promouvoir une agriculture durable et résiliente, en cohérence avec le PDDAA et les stratégies européennes.

Culture, mobilité et jeunesse

La déclaration souligne également :

• le rôle de la culture dans la paix et la solidarité,

• l’importance de la mobilité des jeunes, des étudiants et des chercheurs,

• un engagement à favoriser les échanges culturels, la circulation des œuvres et les efforts de restitution des biens culturels.

Un sommet placé sous le signe du réalisme et de la continuité

La clôture du 7ᵉ sommet UA-UE, sous le thème : « promouvoir la paix et la prospérité par un multilatéralisme efficace », consacre l’idée d’un partenariat qui se veut plus équilibré, plus stratégique et davantage ancré dans les priorités africaines. Si la déclaration pose de nombreux engagements ambitieux, elle ouvre aussi la voie à des attentes fortes quant à leur mise en œuvre concrète.

Pour l’Afrique comme pour l’Europe, l’enjeu est désormais clair : transformer cette confiance affichée en résultats tangibles pour les populations des deux continents. Le prochain sommet est prévu en 2028

Jean-Baptiste Leni, envoyé spécial à Luanda