Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA/RDC) a dans son rapport du mois d'octobre épinglé la situation sécuritaire préoccupante dans le territoire de Mambasa dans la province de l'Ituri. Selon le document rendu public mardi 18 novembre 2025, des opérations militaires contre des éléments d’un groupe armé se sont poursuivies dans les ZS de Lolwa et de Mambasa, limitant considérablement l’accès des populations à leurs champs.
"Les restrictions d’accès aux terres agricoles, les taxations illégales et le vol des récoltes par des éléments armés ont continué de fragiliser les moyens de subsistance des communautés, notamment dans les ZS de Lolwa, Mandima et Mambasa. Le 4 octobre, des hommes armés ont tué au moins trois agriculteurs dans leurs champs lors d’une attaque à Mabangifo, situé à 20 km de Lolwa centre, selon des sources locales", rapporte le rapport.
Entre le 2 et le 11 octobre, le document révèle qu'environ 8 900 personnes déplacées ont trouvé refuge à Lolwa centre (ZS Lolwa) et Mungamba (ZS Komanda), fuyant l’insécurité.
"Ces personnes, originaires de Lolwa et de Mabangifo, sont hébergées par des familles d’accueil déjà vulnérables, selon un partenaire local. En outre, la présence de restes explosifs de guerre (REG) et d’engins explosifs improvisés (EEI) dans les forêts des ZS de Lolwa, Mambasa et Mandima expose fortement les agriculteurs à des risques physiques, en pleine période de récolte du cacao, selon des partenaires locaux", précise le rapport
D'après OCHA/RDC, la situation sécuritaire a été marquée par une accalmie précaire dans les territoires de Mahagi et d’Aru, à la suite de la réduction des activités des groupes armés dans certaines zones, favorisée par une cohésion communautaire progressive. Toutefois, le 3 octobre, un conflit foncier a ressurgi dans les villages de Nyatsa et Adravu, situés dans les ZS d’Aru et de Biringi, contraignant environ 11 000 personnes à se déplacer vers des villages voisins jugés relativement sûrs, selon des sources locales. Plusieurs habitations ont été incendiées.
Entre avril et octobre 2025, plus de 39 400 personnes ont progressivement regagné leurs villages dans les aires de santé (AS) de Yilo, Kepira, Ahologo, Talitali et Alotho (ZS Aungba, territoire de Mahagi), selon les autorités sanitaires locales. Selon OCHA RDC, elles avaient fui les tensions intercommunautaires et les violences perpétrées par des groupes armés en 2023 et 2024.
"Cet élan de retour est notamment motivé par les conditions de vie difficiles dans les zones de déplacement, l’amélioration relative de la sécurité et les initiatives de réconciliation communautaire menées par les autorités locales. Cependant, les ménages retournés font face à des besoins pressants, notamment en matière de nourriture, d’abri et d’accès aux services sociaux de base", ajoute le rapport
La situation humanitaire en Ituri reste marquée par une insécurité persistante, des déplacements massifs de populations et une crise aiguë en matière d’alimentation et de santé. Les attaques des groupes armés ont déjà provoqué la fuite de milliers de personnes dans les territoires de Djugu et d’Irumu, aggravant les besoins en vivres, soins médicaux, abris, eau et protection. À cela s’ajoutent des épidémies comme la rougeole et le Mpox, ainsi que les dégâts causés par des catastrophes naturelles.
Tout comme le Grand Nord, l’Ituri reste confrontée aux attaques répétées des ADF, un groupe armé à l’origine essentiellement ougandais. Actifs depuis près de trois décennies dans l’est de la RDC, les ADF ont prêté allégeance en 2019 au groupe État islamique, qui les présente désormais comme sa branche en Afrique centrale. Malgré les opérations militaires conjointes entre l’armée congolaise et l’armée ougandaise, la menace demeure.
Outre l’activisme des ADF, la province reste minée par des tensions intercommunautaires déjà explosives. Selon plusieurs acteurs locaux, celles-ci sont dangereusement exacerbées par le déploiement de milliers de soldats ougandais depuis février, dont la présence dépasse largement les zones initialement convenues dans le cadre de l’opération Shujaa, menée conjointement par la RDC et l’Ouganda contre les groupes armés actifs dans la région.
Clément MUAMBA