Sud-Kivu :les glissements de terrain, incendies ont laissé des centaines de foyers sans abri à Bukavu, alerte OCHA

Incendie ayant causé la mort d'une mère et ses trois enfants à Bukavu
Incendie ayant causé la mort d'une mère et ses trois enfants à Bukavu

La Ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu et sous contrôle de la rébellion de l'AFC/M23 a connu un mois d'octobre marqué par une série d’incidents, mêlant glissements de terrain, incendies et actes de criminalité. Selon le rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies ( OCHA ),le 4 octobre, un glissement de terrain survenu dans le quartier de Nyalukemba a causé la mort de cinq personnes, blessé trois autres et détruit plusieurs habitations.

"Entre le 15 et le 26 octobre, au moins 17 personnes ont perdu la vie dans des incendies ayant ravagé plusieurs centaines d’habitations dans les communes de Bagira et Kadutu. Ces sinistres ont laissé des centaines de foyers sans abri, accentuant les besoins en abris, en articles ménagers essentiels et en assistance alimentaire",  rapporte le rapport du mois d'octobre rendu public mardi 18 novembre 2025.

Selon toujours le même document, le territoire et la ville d’Uvira encore sous contrôle du gouvernement congolais sont restés marqués par la persistance d’un environnement instable, avec des risques élevés pour la protection des civils et la continuité des interventions humanitaires. Le 9 octobre, des membres d’un groupe armé ont confisqué le véhicule d’un partenaire humanitaire à Uvira. 

"Le véhicule n’a été restitué qu’après un mois de plaidoyer soutenu. Le 11 octobre, des tensions entre différentes factions de groupes armés ont entraîné des échanges de tirs à Kavimvira, à Uvira, provoquant une forte perturbation des activités socio-économiques. Le 30 octobre, à Runingu (situé à une vingtaine de kilomètres au nord d’Uvira), des jeunes en colère ont bloqué la route nationale pour protester contre l’escalade de l’insécurité dans leur localité, qui abrite plus de 2 130 personnes déplacées et retournées" précise le rapport. 

S'agissant de la situation épidémiologique,au mois d'octobre, la province du Sud-Kivu a continué de subir une forte pression épidémique, marquée par la recrudescence des cas de mpox, de choléra et de rougeole. Mpox : 1 669 nouveaux cas ont été enregistrés en octobre, portant le total annuel à 19 391 cas et 18 décès. Toutes les 34 ZS de la province sont touchées, avec une forte concentration à Miti-Murhesa, Nyangezi, Uvira, Nyantende, Lulingu, Minova, Walungu, Kadutu,Kaziba,Kalehe, Kabae et Kitutu. 
Choléra : 1 154 nouveaux cas et 9 décès ont été rapportés en octobre, portant le total annuel à 11 100 cas et  78 décès. Les ZS de Minova, Fizi,Nundu, Katana et Miti-Murhesa étaient en épidémie jusqu’au 31 octobre. Rougeole : 1 751 nouveaux cas, dont 14 décès, ont été enregistrés en octobre. Au 31 octobre, le total annuel s'élevait à 8 356 cas et 166 décès. Les ZS Kitutu, Minova, Bunyakiri, Idjwi,Ruzizi et Kamituga étaient en situation épidémique.
Depuis le début de l’année, l’escalade du conflit et l’intensification des attaques de la rébellion AFC/M23, appuyée par le Rwanda au Nord et au Sud-Kivu, ont déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Les violences ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que les routes coupées et l’insécurité compliquent davantage l’accès humanitaire.

Malgré ces conditions difficiles, les acteurs humanitaires poursuivent leurs opérations vitales en négociant l’accès aux zones affectées et en fournissant des soins médicaux d’urgence, une aide alimentaire et d’autres formes d’assistance essentielle. Selon l’ONU, il est impératif de garantir un accès humanitaire rapide, sans entrave et sécurisé aux populations dans le besoin, et de lever tous les obstacles existants.
En dépit des avancées annoncées dans le cadre des initiatives de médiation notamment le processus de Washington piloté par les États-Unis pour le dossier RDC–Rwanda et l’implication du Qatar dans la crise opposant la RDC à la rébellion AFC/M23 la situation sur le terrain peine à s’améliorer. Face à ce constat, de nombreuses voix appellent les parties prenantes à respecter leurs engagements dans les différents accords et déclarations signés, afin de faire taire les armes et offrir enfin une chance à la paix après près de trois décennies de conflit.

Clément MUAMBA