Le mois d'octobre de l'année en cours a été marqué par l’intensification des affrontements sur le territoire de Kabare dans la province du Sud-Kivu. Selon le rapport du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA RDC), cette situation a entraîné d’importants déplacements de population.
En date du 4 octobre, de violents combats dans les localités de Chulwe et Cishadu, situées dans le groupement de Luhago, ont entraîné le déplacement massif de familles vers des zones plus sûres. Les chiffres des personnes déplacées récemment sont en cours de vérification. Plusieurs victimes, dont des morts et des blessés parmi les civils, ont été signalées.
"Le 12 octobre, environ 450 ménages soit près de 2 700 personnes ont fui de nouveaux affrontements entre groupes armés dans les localités de Civanga et Kasirusiru. Ces familles se sont réfugiées à Miti et Murhesa, dans la Zone de Santé (ZS) de Miti-Murhesa. L’accès humanitaire demeure fortement limité en raison de l’insécurité persistante, ce qui entrave la capacité des acteurs humanitaires à fournir une assistance vitale", lit-on dans le rapport rendu public mardi 18 novembre 2025.
Abordant la situation dans le territoire de Kalehe, elle a connu une forte instabilité sécuritaire et humanitaire, marquée par une recrudescence des affrontements et des attaques armées, des tensions communautaires et des actes de criminalité.
Entre le 12 et le 15 octobre, environ 27 700 personnes ont fui les affrontements entre groupes armés dans les montagnes surplombant les localités de Katasomwa, Mbesho, Kashihe, Katoki, Mweya, Bwangala, Kilijiwe, Kasasa, Kaitoleya, Bushushu 1 et 2.
"Ces familles, ayant abandonné tous leurs biens, ont trouvé refuge auprès des communautés hôtes à Kalehe centre, Kasheke, Tchoki, Luzira, Ishovu, Bushushu, Muhongoza, Munanira, Cigera et Lushebere.Leurs conditions de vie, ainsi que celles des communautés hôtes, sont critiques, caractérisées par un manque d’abris, de nourriture et d’accès à l’eau potable, une rupture des intrants médicaux et un risque accru de violences sexuelles", souligne le rapport de OCHA RDC
D'après OCHA RDC, une évaluation menée du 20 au 26 octobre par CARITAS Bukavu dans les aires de santé de Luzira et Kasheke (ZS de Kalehe) a confirmé la présence de près de 19 900 personnes déplacées, ayant fui les violents combats sur les Moyens et Hauts Plateaux de Kalehe entre le 7 et le 12 octobre. Cette évaluation révèle une situation humanitaire préoccupante, marquée par une forte vulnérabilité des ménages en matière de sécurité alimentaire, de santé, de nutrition, d’éducation, de protection et d’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement (EHA).
"Les interventions humanitaires ont continué d’être entravées par des contraintes administratives et sécuritaires. Entre le 6 et le 12 novembre, deux organisations internationales ont dû suspendre temporairement leurs mouvements pour le suivi des activités de nutrition et santé dans l’aire de santé de Chabombo, en raison de l’intensification des affrontements dans les localités de Katasomwa, Lumbishi et Chambombo. En outre, quatre travailleurs humanitaires ont été arrêtés par des acteurs armés dans la Zone de Santé de Minova", précise le rapport OCHA RDC.
Depuis le début de l’année, l’escalade du conflit et l’intensification des attaques de la rébellion AFC/M23, appuyée par le Rwanda au Nord et au Sud-Kivu, ont déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Les violences ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que les routes coupées et l’insécurité compliquent davantage l’accès humanitaire.
Malgré ces conditions difficiles, les acteurs humanitaires poursuivent leurs opérations vitales en négociant l’accès aux zones affectées et en fournissant des soins médicaux d’urgence, une aide alimentaire et d’autres formes d’assistance essentielle. Selon l’ONU, il est impératif de garantir un accès humanitaire rapide, sans entrave et sécurisé aux populations dans le besoin, et de lever tous les obstacles existants.
En dépit des avancées annoncées dans le cadre des initiatives de médiation notamment le processus de Washington piloté par les États-Unis pour le dossier RDC–Rwanda et l’implication du Qatar dans la crise opposant la RDC à la rébellion AFC/M23 la situation sur le terrain peine à s’améliorer. Face à ce constat, de nombreuses voix appellent les parties prenantes à respecter leurs engagements dans les différents accords et déclarations signés, afin de faire taire les armes et offrir enfin une chance à la paix après près de trois décennies de conflit.
Clément MUAMBA