Kinshasa. Les gouvernements de la RDC et du Qatar signant six protocoles d'accord
Acteur clé de médiation aux côtés des États-Unis d’Amérique dans les crises opposant la République démocratique du Congo au Rwanda, mais aussi dans le conflit entre Kinshasa et la rébellion de l’AFC/M23, l’Émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a effectué ce vendredi 21 novembre 2025 une visite de travail à Kinshasa. Il s’est entretenu avec le président congolais Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union africaine, soit 24 heures seulement après son passage au Rwanda.
Il s’agit du premier voyage officiel de Sheikh Tamim en RDC. Pour les autorités congolaises, cette visite historique, la première d’un Émir qatari en RDC s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales et des liens économiques entre les deux pays. Après un tête-à-tête avec Félix Tshisekedi, suivi d’échanges élargis à leurs collaborateurs, six protocoles d’accord ont été signés, couvrant plusieurs secteurs de la vie nationale à savoir: transport, justice, affaires sociales, diplomatie et jeunesse.
Parmi les signataires congolais figuraient Jean-Pierre Bemba Gombo, Vice-premier ministre, ministre des Transports, voies de communication et désenclavement ; Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale, Francophonie et Diaspora congolaise ; ainsi que Grace Emie Kutino, ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique. Du côté qatari, la signature a été apposée par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Dr Mohammed bin Abdulaziz bin Saleh Al Khulaifi.
Ce qu’il faut retenir de six protocoles d’accord signés entre Kinshasa et Doha
• Protocole d’entente dans le domaine portuaire entre Qatar Port Management Company, Mwani Qatar et l’Office National des Transports (ONATRA SA) de la RDC ;
• Protocole d’accord de coopération juridique entre les ministères de la Justice du Qatar et de la RDC ;
• Accord d’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de passeports spéciaux de la RDC et de l’État du Qatar ;
• Mémorandum d’entente entre le Fonds du Qatar pour le développement et le ministère congolais des Affaires sociales, actions humanitaires et solidarité nationale relatif au soutien au projet de réponse d’urgence multisectorielle en RDC, particulièrement au Nord-Kivu ;
• Protocole d’entente dans le domaine de la jeunesse et du sport entre les deux gouvernements ;
• Protocole d’entente relatif aux consultations politiques sur les questions d’intérêt mutuel entre les ministères des Affaires étrangères de la RDC et du Qatar.
La signature de ces différents documents n’a pas laissé indifférente Valérie Kabeya, ambassadrice de la RDC auprès de l’État du Qatar. Selon elle, ces accords viennent renforcer la coopération bilatérale.
" Un moment historique aujourd’hui : accueillir pour la première fois Son Altesse Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, l’Émir du Qatar, à Kinshasa est un honneur immense. Un pas important pour nos deux pays : le Qatar et la RDC ont conclu plusieurs protocoles d’accord pour renforcer notre collaboration ", a-t-elle réagi sur son compte X.
Si officiellement les questions sécuritaires préoccupantes dans l’Est de la RDC n’ont pas été évoquées, de nombreux observateurs estiment qu’elles ont occupé une place importante dans les échanges entre Félix Tshisekedi et son hôte. Cette rencontre, qui intervient juste après un passage à Kigali, survient quelques jours après la signature de l’accord-cadre entre les délégués du gouvernement congolais et ceux de la rébellion AFC/M23, appuyée par le Rwanda. Selon la médiation, ce document marque le début d’un processus de paix global et de cycles de négociations entre les deux parties.
Les efforts du Qatar dans ce processus ont débuté lorsque l’Émir Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani a accueilli à Doha le président Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame, et lorsque Kinshasa a accepté d’ouvrir un canal de dialogue avec le M23. Depuis mars 2025, Doha a abrité plusieurs cycles de négociations directes entre les deux camps, menés dans un esprit jugé responsable et constructif, et ayant abouti à l’accord récent.
Ces avancées s’appuient sur la déclaration de principes signée à Doha le 19 juillet 2025, qui a posé les bases d’une nouvelle phase de mesures de confiance et ouvert la voie au dialogue. Au cours des derniers mois, les parties ont déjà enregistré des progrès notables, notamment la signature du mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu le 14 octobre 2025, ainsi que du mécanisme de libération des détenus le 14 septembre 2025 bien que pas encore exécutés jusqu'à ce jour.
Clément MUAMBA
