Attaques ADF à Lubero: des structures sanitaires affectées, les soignants hésitent à se rendre au service sur l’axe Butembo-Manguredjipa

Une maison incendiée par les ADF au quartier Rwangoma à Beni
Illustration. Une maison incendiée par les ADF au quartier Rwangoma à Beni/Ph. ACTUALITE.CD

Depuis l’attaque des ADF contre l’hôpital de Biambwe où moins 15 patients et leurs gardes ont été tués, les structures sanitaires de l’axe Butembo-Manguredjipa sont affectées, dans les Centres de santé et hôpitaux opérationnels dans les zones de santé de Biena et Manguredjipa, les services sont au ralenti.

Un employé de la zone de santé de Biena dans laquelle se trouve le centre de santé de Biambwe dernièrement attaqué et incendié indique à ACTUALITE.CD que depuis l’incident, ses collègues médecins et infirmiers hésitent à reprendre le service craignant pour leur sécurité.

«A Biena, nous gérons 18 centres de santé et un hôpital général. Partout, rien ne marche. Dans tous nos axes, il y a des rumeurs sur la présence des ADF et les soignants hésitent à aller au service. Nos prestataires ont vraiment peur, ils ne veulent plus monter des gardes par peur d’attaques ADF. Seul à l’hôpital général (de Mambowa de Nziapanda, ndlr), c’est là où il y a service », témoigne le soignant sous couvert d’anonymat. 

À Manguredjipa, siège de la zone de santé qui porte le même nom, la situation est plus critique. A l’hôpital général par exemple, cinq de six médecins y affectés ont quitté la zone et se sont réfugiés à Butembo. Il est de même pour les infirmiers. Les soignants ont peur de leur sécurité. 

Docteur Ghislain Faturi, l’unique médecin resté dans la zone essaye de s’organiser avec ses collègues infirmiers présents pour sauver la vie des patients qui arrivent. Mais le travail est énorme.

«Je suis épuisé. J’ai commencé le tour de salle à 5 heures locales, et jusque maintenant (13h30 locales) nous sommes au service. C’est tellement épuisé sur en cette période où les communautés sont touchés par une vague de paludisme. Des malades sont nombreux. Certains de mes collègues infirmiers commencent à désespérer et menacent eux aussi de décrocher», témoigne ce disciple d’Hippocrate qui travaille seul comme médecin depuis deux semaines et demi.

Pour tenir le coup, les soignants sont obligés de fusionner les services pour se rassurer de tout contrôler.

«Certains collègues étaient déjà prêts à regagner mais les tueries de la dernière semaine sur la route les ont effrayés. En attendant, nous avons décidé de fusionner les services: chirurgie, pédiatrie et médecine interne et on y affecte quelques infirmiers, l’urgence fusionnée avec les soins intensifs. Pour la gynécologie, il n’y a plus des soignants permanents », s’inquiète-il.

Il craint que cette situation affecte la prise en charge des patients et le contrôle des épidémies. «La sécurité est personnelle et il n’y a pas que des médecins et infirmiers qui ont peur. Mêmes les patients ne veulent plus être internés. Nombreux réclament leur sortie avant la guérison, d’autres fuient. Rien ne garantit qu’on saura contrôler toutes les maladies », s’inquiète le médecin qui plaide pour la sécurité des structures sanitaires face aux menaces des ADF.

Claude SENGENYA