Caricature : Kinshasa s’indigne de la reprise du trafic transfrontalier à Bunagana sans accord congolais

Le poste frontalier terrestre de Bunagana, entre l’Ouganda et la RDC, a été rouvert le 10 juillet 2025 par les autorités ougandaises, en l’absence de représentants congolais. Ce point de passage stratégique est contrôlé depuis juin 2022 par les rebelles de l’AFC/M23. Cette réouverture suscite l’inquiétude de Kinshasa, qui avait officiellement fermé ce poste et interdit toute activité commerciale à cet endroit, qualifiant tout échange via Bunagana de collaboration avec l’ennemi.

Face à cette situation, le gouvernement congolais a chargé la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, d’obtenir des explications claires de Kampala. Kinshasa considère la reprise des échanges comme une violation de sa souveraineté, d’autant plus que le M23 tire un financement important des taxes qu’il impose aux piétons, commerçants, éleveurs et agriculteurs. En 2022, le groupe rebelle aurait perçu jusqu’à 27 000 dollars par mois au seul poste de Bunagana.

De son côté, le consul ougandais au Nord-Kivu, Isingoma Joseph Kusemererwa, a déclaré ne pas être au courant d’une décision officielle concernant cette réouverture. Il a affirmé que seule une communication officielle du gouvernement ougandais pourrait confirmer cette mesure, insistant sur le fait que Kampala ne reconnaît que les autorités congolaises légitimes de Kinshasa et Beni. Cette déclaration contraste avec des informations circulant sur les réseaux sociaux et relayées par certains responsables locaux.

Selon certaines sources, la réouverture des postes de Bunagana et Ishasha serait liée à une directive présidentielle ougandaise, invoquant l’intérêt du commerce régional. Toutefois, pour les autorités congolaises et les observateurs, cette reprise unilatérale pourrait renforcer financièrement le M23 et compromettre davantage la stabilité dans l’est du Congo.