Le vice-premier ministre chargé de l'intérieur et sécurité a saisi depuis le 24 avril dernier, le procureur général près la cour constitutionnelle pour obtenir de lui la dissolution du Parti pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Ce parti de l’ancien président de la République, Joseph Kabila est soupçonné depuis plusieurs mois, par certains officiels congolais a priori le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, de complicité avec la rébellion de l’AFC/M23 qui occupe les villes de Goma et Bukavu ainsi que de vastes entités dans le Nord et Sud-Kivu.
Dans sa motivation, le VPM Jacquemain Shabani cite aussi la présence de quelques anciens membres du PPRD dans l’AFC/M23. Il mentionne aussi la sortie médiatique de M. Kabila dans le journal sud-africain « Sunday Times » en février dernier « tendant à absoudre négatif de M23/AFC et à décharger celui-ci des crimes odieux qu’il commet contre le pays et la population ».
M. Shabani épingle aussi les propos de Aubin Minaku, deuxième personnalité du PPRD lors d’une réunion du 23 février. «Fini le moment du silence, des actions clandestines, maintenant c'est le moment des actions ouvertes...». M. Shabani s'en prend également à l'annonce, en avril dernier, du retour de Joseph Kabila par la partie orientale, c'est-à-dire à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, sous occupation de M23/AFC.
«En droit, ces faits violent l'esprit des textes constitutionnels, législatifs et réglementaires sur le rôle et les missions d'un parti politique. En effet, Monsieur Joseph Kabila Kabange, Sénateur à vie, chef et autorité morale du PPRD, ne devait pas encourager, ni lui-même poser des actions clandestines ou ouvertes telles que l'a clamé haut et fort l'un des dirigeants du PPRD, Monsieur Aubin Minaku. En sa qualité d'ancien Chef de l'État, il ne devait pas se rendre, à l'insu des institutions de l'État, au Rwanda et dans les zones occupées par les agresseurs du pays. L'article 5 de la Loi n° 18/021 du 26 juillet 2018 portant statut des anciens Présidents de la République élus et fixant les avantages accordés aux anciens chefs des corps constitués (Présidence), l'astreint à l'obligation de réserve, de dignité, de patriotisme et de loyauté», ajoute le VPM de l'intérieur.
Par ailleurs, le numéro un de la sécurité nationale a argué que le fait de l'adhésion des membres du PPRD à la rébellion et l'abstention de ce parti politique de les sanctionner et de les en exclure, «constituent une preuve tangible de violation de la constitution et des lois de la République».
«Pour toutes ces raisons, qu'il vous plaise, conformément aux articles 29, 30 et 31, litera b, de la Loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, de bien vouloir instruire et saisir la juridiction compétente en vue de prononcer la dissolution du parti politique Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, PPRD en sigle», a-t-il conclu.
En mars dernier, plusieurs dirigeants du parti de l'ancien président de la République ont été auditionnés par l'auditorat militaire de Kinshasa Gombe «pour éclairer la justice». Après l'annonce du retour démenti de Joseph Kabila au pays par Goma, le gouvernement congolais avait décidé de suspendre les activités du PPRD à travers le pays, après leur relance après l'expiration de la suspension.
Bien avant cette requête du gouvernement, La coordination du Parti Politique pour la Reconduction et la Démocratie (PPRD) diaspora s'était opposée à la «dissolution» du parti de Joseph Kabila, dont elle disait avoir eu vent, par voie de presse, de l'existence d'une demande «antidatée», diligentée auprès du procureur général près la cour constitutionnelle par le vice-premier ministre chargé de l'intérieur et sécurité. Dénonçant une mesure injuste et arbitraire, le PPRD diaspora a fustigé un plan de répression visant sa famille politique, et révèle avoir opté pour la voie légale en introduisant un recours, qui n'a pas eu d'écho.
Samyr LUKOMBO