Cacao bio : la Tshopo veut imposer son label sur les marchés internationaux

Du cacao de la Tshopo
Du cacao de la Tshopo

Le cacao de la Tshopo, longtemps resté dans l’ombre, pourrait bientôt briller sur la scène internationale. Dominique Kasimba, fondateur de Dokas et porteur de projet dans le cadre du Programme de mise en valeur des savanes et forêts dégradées (PSFD), nourrit une ambition claire : faire du « Cacao Tshopo » un label reconnu mondialement. « Aujourd’hui, notre cacao transite par le Nord-Kivu et est vendu sous un autre nom. Cela doit changer », déclare-t-il, dénonçant une perte à la fois économique et identitaire pour la région.

Les perspectives sont prometteuses. Un échantillon envoyé en Suisse a révélé une qualité exceptionnelle. « Les chocolatiers mélangent notre cacao avec d’autres pour augmenter leur valeur, ce qui prouve notre potentiel », souligne Kasimba. Pourtant, les volumes restent insuffisants : la Tshopo produit actuellement environ 800 tonnes de cacao par an, loin des 300 tonnes hebdomadaires requises par les acheteurs suisses.

Pour répondre à cette demande, le PSFD s’engage à accroître les superficies cultivées. Grâce au programme, de nouvelles plantations de cacao sont établies, avec l’objectif d’atteindre 1 000 tonnes par an d’ici cinq ans. « Avec les champs que nous avons plantés en phase pilote, nous sommes sur la bonne voie. Dans quatre à cinq ans, nous pourrons viser un contrat annuel de 1 000 tonnes », ajoute Kasimba.

Le modèle agroforestier promu par le PSFD combine des cultures pérennes, comme le cacao, et des cultures vivrières, telles que le maïs. Cette approche permet aux producteurs de générer des revenus immédiats tout en attendent la maturité des plantations de cacao. « Le maïs que nous avons associé au cacao a non seulement rapporté de l’argent aux paysans, mais il a aussi permis de remplacer les importations de semoule ougandaise », explique Kasimba, fier de l’impact économique et social du projet.

L’agriculture durable est au cœur de cette démarche. « Nous restaurons les terres dégradées tout en garantissant un revenu stable aux paysans », précise Willy Makiadi Mbunzu, coordonnateur national du PSFD. Le programme ne s’arrête pas à la plantation : il inclut des formations techniques, un appui financier partiel et un suivi de proximité par des agronomes.

La création d’un label « Cacao Tshopo » incarne un enjeu stratégique : affirmer l’identité agricole de la région. Actuellement, le cacao produit dans la Tshopo est exporté via le Nord-Kivu, perdant ainsi son origine dans le processus. « Si nous exportons directement, la valeur ajoutée reste chez nous », insiste Kasimba. Le label renforcerait également la position de la Tshopo sur les marchés de niche, notamment celui du cacao biologique, qui connaît une demande croissante en Europe.

En 2022, la République démocratique du Congo s’est classée deuxième exportateur africain de cacao biologique, avec 10 869 tonnes expédiées. La Tshopo, avec ses avantages logistiques et sa qualité reconnue, peut devenir un acteur clé de cette filière. « Nous avons l’avantage de pouvoir exporter soit via le fleuve, vers Matadi, soit via l’Est, vers Mombasa. Ce double accès est un atout que peu de régions possèdent », explique Kasimba.

Avec ces initiatives, la Tshopo ambitionne de s’imposer comme un modèle de production agricole intégrée, durable et compétitive, offrant des perspectives économiques durables pour ses producteurs et transformateurs. « La région a tout pour réussir : des sols fertiles, des producteurs motivés et un marché en pleine expansion », conclut Kasimba.