RDC : le gouvernement adopte deux projets de décrets relevant du secteur de l'emploi dont celui déterminant les modalités de fixation et d'ajustement du SMIG

Foto
Les membres du gouvernement Suminwa

Après examen et approbation, le gouvernement de la République vient d'adopter deux projets de décrets relevant du secteur du Travail de l'Emploi en République Démocratique du Congo. Il s'agit du projet de décret déterminant les modalités de fixations et d'ajustement du salaire minimum inter professionnel Garanti Smig) et des allocations familiales minimales et de contre-valeur du logement.

Porteur de ces deux textes adoptés lors de la 44e réunion du conseil des ministres tenue vendredi 23 mai 2025, Ephraim Akwakwa Nametu, Ministre de l’Emploi et du Travail de la République démocratique du Congo a indiqué les critères socio-économiques qui sont pris en considération pour la fixation du salaire minimum inter professionnel garanti (SMIG).

"Il s'agit des critères sociaux et des critères économiques. Et également pris en considération pour l'ajustement du salaire minimum inter professionnel garanti, les critères suivants l'augmentation égale ou supérieure à 50% de l'indice de prix à la consommation constatée par des relevés successifs séparés au moins par mois d'intervalle sur toute l'étendue du territoire national. Le Conseil des ministres a approuvé ces deux projets de textes moyennant amendements" rapporte le compte rendu de la réunion lu par le porte-parole du gouvernement.

Depuis le début de cette année, le ministre congolais du Travail et de l’Emploi, Ephraïm Akwakwa Nametu, avait annoncé un ajustement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) en République Démocratique du Congo. Fixé à 14 500 francs congolais par jour pour les travailleurs manœuvres, ce nouveau montant met fin à une stagnation de six ans, marquant une étape importante dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.

La révision du SMIG qui devrait entrer en vigueur dès février 2025, fait suite à un dialogue organisé en octobre dernier entre le gouvernement, les syndicats et les organisations patronales. 

"Il s'agit d'un acte réglementaire dont l'application est obligatoire. L'inspection générale du travail veillera à son respect", a affirmé le ministre Akwakwa, soulignant la fermeté de l'État face à d'éventuels contrevenants.

Depuis 2018, le SMIG était fixé à 7 075 francs congolais, soit environ 5 dollars par jour, un montant jugé insuffisant pour faire face à l'inflation et à l'augmentation du coût de la vie. L'ajustement récent, doublant pratiquement le salaire minimum, intervient dans un contexte économique marqué par des pressions sociales croissantes et une demande d'équité salariale.

Malgré cette augmentation, le SMIG congolais reste parmi les plus bas en Afrique. En comparaison, le Maroc affiche l’un des salaires minimums les plus élevés du continent avec environ 273 euros par mois. En Afrique subsaharienne, des pays comme le Sénégal (97 euros), la Côte d’Ivoire (114 euros) ou encore le Cameroun (91 euros) offrent des niveaux bien supérieurs à ceux de la RDC, mettant en lumière un défi structurel persistant.

La réforme vise à offrir une meilleure protection sociale aux travailleurs congolais, en particulier dans un pays où plus de 60 % de la population est âgée de moins de 18 ans. Ce contexte démographique impose une pression économique unique, mais constitue également une opportunité pour transformer le marché du travail.

Le nouveau SMIG inclut également une clause d’augmentation annuelle de 3 % pour les travailleurs ayant une ancienneté continue dans la même entreprise, renforçant l’incitation à la fidélisation et la stabilité de l’emploi. Pourtant, les défis demeurent. L’application stricte de cette mesure repose sur la capacité des inspections du travail à contrôler et sanctionner les contrevenants. Par ailleurs, certains employeurs, notamment dans le secteur informel qui domine l’économie congolaise, pourraient trouver difficile de se conformer à ces nouvelles exigences.

Clément MUAMBA