Avec son aposiopèse caractéristique "Nsonso! Nzanza !", Jovitha Songwa est presque prête à aborder l’année 2025 avec un nouveau spectacle de conte dénommé "Nketo a Mfumu". Si des réajustements derniers sont au programme avant de faire la grande première, les petites premières ont eu lieu ce vendredi 13 et samedi 14 décembre au Centre Wallonie-Bruxelles.
Dans le cadre des activités de vacances du centre avec les enfants, l’artiste conteuse était de la fête avec une nouvelle production remplie d’histoires puisées dans les vies des femmes fortes du berceau de l’humanité.
Avec un public scolaire entre 3 ème et 5 secondaire, au premier jour, et les familles composées de parents, des petits enfants, des grands et des moyens ; Jovitha s’en est sortie d’une expérience où elle se devait de mélanger sa pédagogie pour atteindre sa cible préférée qui est les enfants, non sans inclure les plus grands, dans les mêmes histoires.
« C’était ma première fois de faire deux jours de conte successifs avec deux publics différents », explique Jovitha Songwa à ACTUALITÉ.CD.
Et d’ajouter :
« C’était une très belle expérience pour savoir comment mettre les enfants à l’aise, les adultes et les parents en une seule histoire. Et c’est une réussite ».
Réveiller les reines africaines
Le conte africain dépasse la simple narration. Véritable pilier de la culture, il incarne un moyen privilégié d’éducation et de transmission des valeurs. À travers lui se forgent l’identité collective et l’imaginaire des communautés, tout en jouant un rôle clé dans leur vie sociale et spirituelle. Les contes africains retracent l'histoire des peuples, leurs origines, leurs croyances et leurs coutumes. Ils permettent ainsi de transmettre aux générations futures un patrimoine culturel riche et diversifié.
Cette clause, Jovitha la maîtrise parfaitement. Elle part du Royaume Kongo, de la reine Nzinga, au Royaume Luba, passant par l’empire Lunda de la reine Ruweji. En somme, le point commun de ces femmes au panthéon de l’histoire est que Nzinga a été faite reine après la mort de son frère, roi, non sans contestation. Elle a combattu l’invasion portugaise et est morte sur le trône, devenant une vraie icône. Quant à Ruweji, elle est montée sur le trône au détriment de ses deux frères à la mort de leur père suite à un comportement reprochable et répréhensible de ceux-ci.
Bien d’histoires remplissent l’escarcelle de ce nouveau spectacle qui tournera dans différents espaces culturels en 2025, aussi bien à Kinshasa qu’ailleurs en RDC. Les récits de Jovitha Songwa voyagent aussi à travers différents pays africains. Du Dahomey à l’Angola, en passant par le Burkina, elle parle aussi de toutes ces femmes qui ont excellé dans un certain domaine pour qu’elles soient connues et reconnues.
« J’aimerais réveiller ces reines qui ont marqué l’histoire en Afrique. Pour qu’on ne puisse pas rester seulement ces princesses d’ailleurs, on a nos princesses du Burkina, des femmes qui ont marqué la médecine en Egypte et tout pour que nous ne puissions pas les effacer dans nos mémoires », souligne Jovitha.
Les contes sont souvent accompagnés de chants et de rythmes, donnant naissance à des musiques traditionnelles variées. Jovitha dispose d’un tam-tam et d’un batteur à sa guise pendant sa narration. La musique est aussi présente sur chaque dizaine de minutes, particulièrement en langues africaines.
« J’aime bien nos langues. J’ai même trouvé une dialecte du Ghana hier pour "Venez voir, il y a une femme reine sur le trône" et comme j’aime aussi la musique, j’ai mis ça en musique », a confié la conteuse Jovitha Songwa.
Humoriste, comédienne, metteuse en scène, enseignante, Jovitha Songwa n’a pas que ces quatre casquettes qu’elle porte avec maestria. Son côté conteuse est également une facette essentielle de son parcours d’artiste. Dès son plus jeune âge jusqu’à sa maternité, elle a conservé un amour pour le conte. C’est dans cet univers qu’elle a produit son premier recueil regroupant une dizaine de contes.
Kuzamba Mbuangu