Le dialogue entre Kinshasa et Kigali semble s'enliser, alors que les deux pays s'affrontent de manière diplomatique sur la présence militaire rwandaise en République démocratique du Congo (RDC).
Jeudi, la Première ministre de la RDC, Judith Suminwa, a affirmé lors du Rebranding Africa Forum à Bruxelles que le Rwanda avait accepté, pour la première fois, de présenter un plan de retrait pour plus de 4 000 de ses soldats déployés dans l'est de la RDC. « Nous avons aujourd'hui une stratégie, celle de la montée en puissance de notre armée pour défendre notre territoire, tout en poursuivant un processus diplomatique car nous voulons la paix », a-t-elle déclaré.
Mme Suminwa a ajouté que ce retrait s'inscrivait dans un cadre plus large, visant à neutraliser les milices des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), une opération que l'armée congolaise mène depuis plusieurs années. « Ce n’est pas moi qui le dis, mais des rapports certifiés de l’ONU : il y a des soldats rwandais en RDC. Et à partir du moment où le Rwanda nous agresse, c’est à lui de retirer ses troupes de notre territoire », a-t-elle ajouté.
Cependant, Kigali a rapidement démenti ces affirmations. Sur Twitter, Olivier J.P. Nduhungirehe, chef de la diplomatie rwandaise, a qualifié les propos de la Première ministre congolaise d'inexactes. « Avec tout le respect que je dois à S.E. Mme la Première Ministre Judith Suminwa, ses ministres lui ont fourni une information incorrecte. Le Rwanda n'a jamais, à Luanda ou ailleurs, 'accepté de présenter un plan de retrait pour plus de 4 000 militaires'. Cet engagement ne figure nulle part dans le compte-rendu de la 5e réunion ministérielle tenue à Luanda le 12 octobre 2024 », a-t-il écrit.
À Kinshasa, la ministre d'État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, avait la veille adopté un ton plus prudent, indiquant que des progrès avaient été réalisés dans les discussions avec Kigali, mais qu'il était encore « trop tôt pour parler d'un accord ».