Une cérémonie émouvante s'est déroulée lundi 9 septembre dernier à l'aéroport international d'Entebbe, en Ouganda, marquant le retour des reliques de deux martyrs ougandais après plus de 60 ans d'absence. L'archevêque de Kampala, Paul Ssemogerere, accompagné de représentants du gouvernement, a accueilli les ossements de Karoli Lwanga et Matthias Mulumba, revenus de Rome.
Ces reliques, collectées par des chrétiens fervents sur les lieux d'exécution des deux saints en 1885 et 1886, seront exposées à l'Université des Martyrs d'Ouganda du 14 septembre au 31 octobre. Cette exposition commémore le 60e anniversaire des martyrs ougandais, un groupe de 45 chrétiens exécutés entre 1885 et 1887 sur ordre du roi Mwanga II de Buganda.
Le professeur Derek Peterson de l'Université du Michigan, co-commissaire de l'exposition, a retracé l'histoire mouvementée de ces reliques : "Les Pères Blancs les ont d'abord enterrées dans une boîte métallique pour les protéger. Après avoir été perdues puis redécouvertes, elles ont été envoyées en Tanzanie avant de revenir en Ouganda en 1899." Il a souligné l'importance de ces reliques dans la canonisation des martyrs, notamment grâce à un miracle de guérison en 1942.
L'archevêque Ssemogerere a insisté sur la signification spirituelle de cet événement : "Ces individus ont choisi de sacrifier leur vie pour Jésus-Christ. Ils sont maintenant des saints canonisés au ciel, priant pour nous."
Le ministre d'État aux Affaires étrangères, Henry Okello Oryem, a salué le retour de ces reliques et appelé à une prise de conscience nationale de cette histoire. Il a même évoqué la possibilité de demander des réparations pour la longue absence de ces restes.
Le professeur Peterson a tenu à préciser que ces reliques n'avaient pas été volées, mais envoyées au Vatican comme preuve des pouvoirs miraculeux des martyrs. Il voit dans leur retour une opportunité pour les Ougandais de se reconnecter avec leur histoire et de réfléchir sur des thèmes tels que la loyauté et la foi en des temps difficiles.
L'exposition à l'Université des Martyrs d'Ouganda promet d'être un moment fort de recueillement et d'apprentissage pour tous les Ougandais, quelle que soit leur confession. Elle mettra en lumière l'histoire de ces hommes qui, selon le professeur Peterson, "sont morts en défendant leur liberté, leur dignité et leur liberté de choix", les qualifiant même de "démocrates" avant l'heure.
Claudine N. I.