En Ituri, la réserve de faune à Okapi (RFO), 14 000 km² de superficie, est menacée de disparition par l’exploitation minière illicite des minerais. Plusieurs sources contactées par ACTUALITE.CD se disent préoccupées car cette exploitation minière illégale est accompagnée d’un braconnage systématique depuis plusieurs années. Il s’agit de l’extraction non réglementée de l’or qui risque d'accroître car ces mines illégales attirent de plus en plus des personnes désespérées qui exploitent en complicité avec des miliciens.
Pour Barnabé Milala, expert en protection de l’environnement et en gouvernance minière, il est temps que les autorités arrivent à se pencher sur la question pour trouver des mécanismes pouvant permettre de sécuriser cette Réserve de faune à Okapi.
« Le gouvernement congolais dont l’ICCN qui est l’organe technique a des responsabilités. Cette menace est réelle parce que le tourisme ne se fait plus. Pourtant, cette Réserve devrait rapporter au pays des recettes colossales pour contribuer au développement de certains projets dans cette contrée de la République. La solution serait pour les autorités, d’évacuer les populations qui ont élu domicile cet espace et qui y exploitent au nom des groupes armés. C’est vrai qu’il y a plusieurs défis à relever, le gouvernement congolais doit en ce qui le concerne, financer l’ICCN qui jusque-là ne reçoit que le financement provenant de ses partenaires », a dit Barnabé Milala, expert en protection de l’environnement et en gouvernance minière.
C’est dans ce cadre que le 23 juillet dernier, le gouvernement provincial de l’Ituri avait diligenté une mission dans le territoire de Mambasa pour vérifier des limites de la réserve. Déjà, beaucoup de défenseurs de l’environnement, démontraient que cette mission voudrait légaliser l’exploitation minière dans la réserve de faune à Okapi. Mais d’après le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’armée en Ituri, la mission diligentée visait à délimiter les limites de la RFO parce qu’exploitent certains, sans savoir s’ils sont sur les périmètres de la RFO ou sur une zone interdite.
Mais dans une note de dénonciation rendue public le 9 août dernier, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), a interdit toute activité incompatible avec les objectifs de la conservation est interdite dans les aires protégées, conformément à la loi N°014/003 du 11/02/2014 relative à la conservation, précisément en ses articles 2 et 25.
« Est punie d'une amende de cent millions à un milliard de francs congolais toute personne qui, dans une aire protégée, exerce une activité de prospection ou d'exploitation forestière, minière, des hydrocarbures ou des carrières. Sans préjudice des sanctions disciplinaires prévues par la législation en vigueur, est puni d'une servitude pénale de six à douze mois et d'une amende de dix millions à cinquante millions de francs congolais, l'agent public de l'état ayant délivré l'autorisation des activités ci-dessus », peut-on lire dans cette note de dénonciation.
Yves Milan Ngangay, Directeur Général de l’ICCN qui a signé cette note, fait savoir que les autochtones, en complicité avec certaines personnes bien identifiées et des sujets chinois défient les textes légaux en incitant les communautés riveraines à ériger des villages, proches des mines, dans le but de les exploiter, allant ainsi à l'encontre de la mission de la RFO qui consiste à protéger la biodiversité et les espèces rares, notamment l'Okapi.
« Ces illégaux exploitent dangereusement les minerais qui profitent en grande partie aux ennemis de la République qui, d'une manière ou d'une autre, se ressourcent de leur vente illicite pour continuer à combattre notre pays dans sa partie Est. Compte tenu de ce qui précède, l'ICCN, à travers son Directeur Général, attire l'attention des personnes concernées, quel que soit leur rang social, et leur demande de mettre immédiatement fin à ces activités destructrices de l'environnement et opposées aux engagements pris par le Chef de l'État, président de la République en ce qui concerne la conservation et la gestion de la biodiversité », a indiqué le DG de l’ICCN.
De son côté, le général-major Albert Masi, commandant du Corps pour la sécurisation des parcs nationaux et réserves apparentées (COrPPN) a souligné à ACTUALITE.CD que des dispositions sont prises pour sécuriser la RFO.
« Nous suivons de près la situation et le DG de l’ICCN a déjà pris des mesures qui seront d’application sur terrain. Celui qui sera pris en flagrant délit, va subir la rigueur de la loi », a-t-il déclaré.
Créée en 1991, la RFO regorge non seulement l’espèce rare qui est l’Okapi, mais aussi 376 espèces d’oiseaux et plusieurs autres animaux protégés, selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qui l’a inscrite sur sa liste des patrimoines mondiaux. Elle possède également des sites panoramiques exceptionnels.
Ben AKILI