Le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege a réagi aux propos tenus par le général Sylvain Ekenge, jugés discriminatoires à l’égard des femmes de la communauté Tutsi. Ces mots forts ont été prononcés à la télévision nationale au cours d’un plateau spécial sur la situation dans l’est du pays, mais qui a rapidement épinglé une communauté.
Dans sa réaction, Dr Mukwege a appelé à éviter des discours discriminatoires à l’encontre des ethnies, en dépit de l’humiliation que subit les populations congolaises touchées par des guerres incessantes dans l’est du pays.
"Tout discours de haine, d'humiliation et de discrimination stigmatisant une ethnie ou le genre doivent être réprouvés et condamnés avec force, surtout quand ceux-ci sont le fait d'une autorité publique", a-t-il déclaré.
Et d'ajouter :
"Malgré d'innombrables injustices et actes d'humiliation que subit la population congolaise suite à l'agression rwandaise et ses supplétifs, il est indispensable d'éviter des discours toxiques qui sèment la haine ethnique et la discrimination du genre".
Le gynécologue poursuit : "l'amour entre les peuples de la région des Grands Lacs doit être plus fort que la haine de certains gouvernants assoiffés de sang et de pouvoir".
Pour clore sa déclaration, Mukwege souligné que “l'impunité légendaire dont jouissent certains dirigeants de la région explique la répétition des paroles et actes qui fragilisent la cohésion nationale et régionale”
Après le tollé qu’ont suscité ses propos discriminatoires le weekend dernier contre les femmes de la communauté Tutsi, qu’il a présentées comme agentes de renseignement du Rwanda en RDC, le général-major Sylvain Ekenge Bomusa Efomi, porte-parole de l’armée congolaise, est suspendu de ses fonctions.
Oscar Mbal Kahji, journaliste et directeur des informations ad interim à la radio télévision nationale congolaise( RTNC) à la présentation ce samedi-là, est également suspendu préventivement de ses fonctions « pour avoir laissé libre cours à ses propos stigmatisant la communauté Tutsi».
Dans un communiqué signé par le chef d’Etat-major général des FARDC, Jules Mwilambwe Banza, l’armée congolaise dit rejeter les allégations de M. Sylvain Ekenge, qu’elle juge « incompatibles avec les valeurs républicaines et les missions constitutionnelles dévolues au FARDC », lesquelles « ne reflètent en rien la position officielle de la RDC ».
« L'État-Major Général des FARDC réaffirme, avec pleine conviction, la détermination des Forces Armées de la République Démocratique du Congo à défendre et à protéger, avec discipline et professionnalisme, la souveraineté et l'intégrité territoriale de notre pays, ainsi que la sécurité de toutes les Congolaises et de tous les Congolais, sans aucune distinction, jusqu'au sacrifice suprême », écrit le patron des FARDC, qui appelle « à l’unité, à la cohésion et au rejet de tout discours de haine… ».
Sur la télévision nationale, samedi 27 décembre dernier, Sylvain Ekenge déclarait : « lorsque vous épousez une femme tutsie aujourd’hui il faut faire attention », relatant, selon lui, la stratégie du Rwanda qui consiste à donner aux officiers militaires Congolais des femmes de ladite communauté dans le but de soutirer les renseignements militaires à transmettre à Kigali.
Samyr LUKOMBO