24 janvier 2019-24 janvier 2022, trois ans se sont écoulés depuis la cérémonie d'investiture de Felix Tshisekedi. Entre une coalition brisée, des gouvernement restructurés, des personnalités politiques arrêtées, Desk femme est allé à la rencontre des femmes qui reviennent sur ce fait marquant de l'histoire politique congolaise.
« Que n’avons-nous pas vécu dans ce pays avant que ce pouvoir ne soit installé ? », s’interroge Marguerite Furaha, cinquantenaire et ancienne agent de l’Agence Nationale du Renseignement (ANR).
Et de renchérir, « Combien de personnes ont été arrêtées, combien ont perdu la vie pour avoir sorti un propos contraire aux attentes du pouvoir en place ? Je pense qu’on peut tout dire de ces deux personnalités (Félix Tshisekedi et Joseph Kabila ndlr) mais, la population exprime plus librement son point de vue ».
Étudiante en sciences commerciales à l’Institut Supérieur du Commerce (ISC/Kinshasa), Naomie Sebale soutient également l’hypothèse d’une liberté d’expression en RDC. Elle s’appuie sur un témoignage personnel, « mon père est partisan d’un mouvement politique. Je me rappelle que lors des réunions hebdomadaires de son parti, des policiers circulaient aux environs de notre parcelle et il était interpellé par la suite. Notamment lors du processus électoral de 2011. Il n’a pas abandonné son combat et les interpellations ont cessé. Kabila et Tshisekedi ont contribué à cela ».
Liberté de la presse
Pour Claudine Nyenyezi, cette liberté s’est étendue aux organes de presse, à travers leurs productions journalières. « Les médias ont commencé à donner la parole à toutes les parties sans craindre d’être poursuivis. Sur les différentes stations de radios, nous entendons des politiciens qui soutiennent Joseph Kabila défendre leur leader. Et nous entendons sur les mêmes ondes, des partisans de l’UDPS, qui accusent Kabila d’avoir renversé les lois du pays et défendre les idéaux de leur parti politique. Nous entendons ceux de Moise Katumbi, de Fayulu, et tous les autres s’exprimer librement », dit cette responsable d’une gargote en ville.
Des marches « pacifique »
Parmi les éléments qui ont caractérisé la période après les élections de 2018, Marie-Hélène Ntumba voit les manifestations politiques de moins en moins réprimées par les éléments de la police. « Martin Fayulu a marché de nombreuses fois avec ses partisans, d’autres partis politiques l’ont fait aussi, certaines manifestations ont même été encadrées par la police. Il faudrait continuer sur cette lancée même lors de la période électorale prochaine », explique-t-elle.
Procès et sanctions à l’égard des coupables
Clarisse Nzeba et Thérèse Bozongo pensent à la justice et lutte contre les VBG. « Ce n’est pas encore l’Etat de droit à proprement parler. Mais, nous devons reconnaître que la justice congolaise fournit des efforts louables. Nous avons vu au cours de ces années l’interpellation des hommes en uniforme, policiers ou militaires pour n’avoir pas respecter les limites de leur pouvoir, nous avons vu des procès sur le détournement des deniers publics, quel qu’en soient les résultats, nous avons vécu la condamnation de Carine Lokeso dans le procès Rossy Tshimanga, nous avons salué les avancées dans le procès Chebeya… Je pense que notre démocratie évolue et c’est déjà une bonne chose », affirme Clarisse Nzeba, caissière dans un supermarché.
Pour paraphraser Clarisse Nzeba, sa collègue de service ajoute, « J’ai vu des ONGs se lever contre des cas de violences sexuelles, la justice a travaillé et les auteurs de ces actes, dont un militaire ont été arrêtés. C’est un élément positif pour la défense des droits».
Des nominations de femmes
« De 2019 à ce jour, le Chef de l’Etat a nommé plusieurs femmes. Et pour une première fois une femme est à la tête de la Banque Centrale du Congo. Si le pourcentage n’est pas encore suffisant, on peut dire que cela nous inspire en tant que jeunes filles congolaises. Madame Jeanine Mabunda a dirigé l’Assemblée Nationale sous la coalition FCC et CACH. Il y a plusieurs exemples », reconnaît Fadely Katombe, étudiante en terminales des relations internationales à l’Université Pédagogique Nationale (UPN).
Prisca Lokale