Kinshasa : 500 épouses de militaires reçoivent une assistance humanitaire au camp Kokolo

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Des épouses des militaires

Réunies dans la grande salle de la paroisse protestante du camp militaire Lieutenant Kokolo, elles étaient 500 femmes, toutes épouses de militaires engagés au front. Le mardi 13 mai 2025, dans un silence empreint de gravité et d’espoir, elles ont assisté à une cérémonie de distribution de vivres et non-vivres organisée par le Consortium de Solidarité Humanitaire, en collaboration avec les organisations SAUTI YA MAMA, MUKONGOMANI, RENADEF, BCGPCD et AFIA MAMA asbl. 

L’activité s’est inscrite dans le cadre du projet d’urgence de protection et de soutien aux moyens de subsistance des femmes et filles touchées par les crises humanitaires dans l’Est de la RDC, avec l’appui technique et financier d’ONU Femmes, du SECAS (Service d’éducation civique et d’action sociale de l’armée) et du Ministère du Genre, Famille et Enfants.

Dans la salle comble, l’atmosphère était à la fois sobre et solidaire. Les regards étaient tournés vers les représentants des organisations, mais aussi vers les sacs de riz, les bidons d’huile, les pagnes et les kits d’hygiène, soigneusement empilés à l’avant. Mais pour ces femmes, ce geste dépasse largement la valeur matérielle.

« Depuis que mon mari est parti au front, je porte seule la charge de la maison, des enfants, des maladies. Parfois, je n’ai même pas de quoi acheter du savon ou du sel », a confié Justine, mère de trois enfants, les yeux embués. « Cette aide nous rappelle qu’on existe encore, qu’on compte. »

Beaucoup ont évoqué une vie rythmée par l’attente, l’incertitude et le manque. La majorité d’entre elles ne reçoivent pas régulièrement de nouvelles de leurs maris, et l'absence de ressources stables fragilise leur quotidien. Dans les quartiers attenants au camp, les conditions de vie sont souvent difficiles, avec un accès limité aux soins de santé, à l’eau potable ou à l’électricité.

Grâce, une autre bénéficiaire, parle d’un quotidien fait de renoncements :

« Ce que les gens ignorent, c’est qu’être femme de militaire, c’est aussi être soldat. Pas au front, mais dans le foyer. On combat la faim, la solitude, la peur. Je suis reconnaissante pour cette aide, car elle arrive à un moment où je n’en pouvais plus.

Les organisateurs ont rappelé l’objectif de cette initiative : répondre à des besoins immédiats tout en attirant l’attention sur la situation souvent invisibilisée des femmes de militaires. Le message a été réitéré par les partenaires présents, qui ont salué le courage de ces femmes et appelé à la pérennisation de ce type d’actions.

Au terme de la distribution, certaines femmes sont reparties en silence, d'autres en fredonnant des chants de reconnaissance. Mais toutes portant, dans leurs bras comme dans leurs regards, la même chose : un poids un peu plus léger, au moins pour un moment.

Nancy Clémence Tshimueneka