RDC : plus de 10.000 victimes des violences sexuelles enregistrées en 2020, le MSF lance un appel à mobilisation urgente

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L’ONG internationale Médecins Sans Frontières a dévoilé ce 15 juillet, un nouveau rapport sur la prise en charge des victimes des violences sexuelles dans les structures médicales publiques des 26 provinces de la RDC. En 2020, les équipes, en collaboration avec le Ministère de la santé, ont enregistré 10.810 victimes de violences sexuelles, soit près de 30 par jour.


Infections, grossesses non désirées, blessures physiques résultant des violences, traumatismes psychologiques sévères, notamment chez les personnes mineures, telles sont les données recueillies par MSF l’année dernière. Les chiffres comprennent 4 078 victimes de violences sexuelles dans le Nord-Kivu ; 3 278 dans le Kasaï-Central ; 1 722 dans le Maniema ; 907 dans le Sud-Kivu ; 768 en Ituri et 57 dans le Haut Katanga.


« L’ampleur des violences sexuelles en RDC est reconnue et dénoncée par de nombreux acteurs nationaux comme internationaux », souligne Juliette Seguin, cheffe de mission de MSF en RDC.

« Malheureusement, ces condamnations peinent à être suivies d’actes concrets, que ce soit en termes de prévention, de prise en charge ou de protection des personnes. Là où nous intervenons, nos équipes constatent que les besoins sont très loin d’être couverts, » poursuit- elle. 

 

Le rapport intitulé « Double peine » met en lumière les lacunes de la prise en charge de ces personnes : personnel médical pas ou peu formé ; indisponibilité de médicaments et traitements ; soutien socio-économique et juridique aux survivants largement insuffisant. 

Les consultations menées par MSF révèlent également que suite à leur agression, beaucoup de victimes, par peur de retourner travailler aux champs ou au marché ou d’être rejetées par leur communauté, s’enfoncent alors dans un cycle de pauvreté. Peu de programmes de soutien économique sont disponibles pour leur venir en aide.


 « Les besoins immédiats et à long terme sont gigantesques, mais les approches et les financements qui permettraient d’y répondre font dramatiquement défaut », déplore Mme Seguin. « En 2020, moins de 6% des financements internationaux demandés pour répondre aux besoins humanitaires en matière de santé en RDC ont été déboursés, à peine 18% des montants demandés en matière de protection des populations et de droits humains. Cette tendance se poursuit en 2021. Au-delà des financements, des approches innovantes et adaptées aux contextes ne sont pas mises en œuvre. Le peu de soutien qui en découle constitue une double peine pour les victimes.»


Le rapport  de MSF appelle les autorités congolaises, la société civile et leurs partenaires internationaux à redoubler d’efforts pour assurer une prise en charge complète et de bonne qualité des survivants de violences sexuelles – médicale, psychologique, socioéconomique et juridique.  Il insiste également sur le fait que ces efforts doivent garantir un meilleur appui à toutes ces personnes, que leur agression ait eu lieu en zone de conflit ou non.

Prisca Lokale