Après leur visite dans les provinces secouées par la crise humanitaire exacerbée par des conflits armés, dont le le Nord-Kivu, le directeur pays de l’Oxfam en RDC et les directrices exécutives de cette ONG aux USA et au Québec, ont présenté les constats faits sur terrains, relatant le manque criant de nourriture et de l’eau, qui frappe de plein fouet plusieurs villages.
Lors d’un point de presse au bureau d’Oxfam mardi 15 juillet à Kinshasa, Béatrice Vuagrante, directrice exécutive d'Oxfam/Québec, a témoigné avoir vécu une situation humanitaire extrêmement catastrophique et une forte demande des besoins urgents des populations, des femmes vivant avec la peur de se faire violenter, des hommes, eux, craignant le kidnapping, dont certains parmi eux ont été victimes.
« Nous avons écouté les témoignages dans les villages, à Goma, à Sake et sa partie nord, nous avons été extrêmement bouleversés parce que plusieurs villageois étaient venus raconter leur histoire. Il y a clairement un manque d’accès à la terre, à la nourriture, à l’eau et c'est extrêmement préoccupant. Les femmes ont encore peur de se faire violer, de resubir des violences sexuelles, et les jeunes hommes aussi ont peur de se faire enlever. Et ces réalités-là existent jusqu'à aujourd’hui », a déclaré la directrice exécutive de l’Oxfam au Québec.
Une réponse aux besoins urgents en dépit de la coupe de l’USAID
La suppression de l’aide américaine à la situation humanitaire en RDC n’a pas enfreint la détermination d’Oxfam à couvrir sa mission. D’un commun accord avec les vulnérables, l’équipe de l’ONG avait organisé des discussions avec des familles présentes pour trier les cas urgents auxquels elle devait intervenir sur base des critères définis sur place.
« Il y a des kits d’hygiène qui comprennent du savon pour la lessive, des serviettes réutilisables pour les femmes, parce qu’il faut penser à leur hygiène menstruelle ; même des pagnes, parce que des femmes nous disent qu’elles n’ont plus de quoi pour s’habiller ; on réhabilite les banques fontaine pour l’accès à l’eau potable, surtout avec la résurgence du choléra, la variole de singe, et on installe des latrines, des douches, ce qui est fondamental », explique Béatrice Vuagrante.
Une assistance aux femmes victimes des violences sexuelles
Outre l’eau, la nourriture autres besoins pressants que Oxfam a pu apporter aux personnes âgées, aux orphelins et à d’autres catégories de bénéficiaires répondant aux critères en raison des moyens insuffisants, l’ONG a également pensé à la protection des jeunes femmes et filles qui ont encore les séquelles des violences sexuelles dont elles ont été victimes, ce « par un soutien immédiat pour qu’elles puissent vivre d’une façon autonome ».
Par ailleurs, cette humanitaire dit avoir été émerveillée par le dynamisme de structures de la société civile, de mouvements et de groupes de femmes dans l’est et à Kinshasa, qui s’organisent pour réfléchir autour des questions brûlantes, dont la sécurité ainsi que les différents processus en cours visant à mettre une croix sur ce conflit vieux de plus de 30 ans.
Oxfam intervient dans des contextes d’urgence et post-urgence pour répondre aux besoins essentiels et renforcer la résilience communautaire. Elle intervient dans la justice de genre, qui inclut l’amélioration de l’accès des femmes et des filles à la santé, à l’éducation, aux ressources économiques et aux espaces de décision. En outre, l’ONG œuvre dans la justice économique à travers la promotion de systèmes agricoles durables et inclusifs, visant la réduction de la pauvreté et des inégalités économiques.
Samyr LUKOMBO