Beni : Makisabo se vide de sa population après la récente attaque contre les casques bleus

Le village de Makisabo, sur la route Beni-kasindi, en territoire de Beni

Le village de Makisabo, situé à une dizaine de kilomètres du pont semuliki, sur la route Beni-kasindi, en territoire de Beni (Nord-Kivu) se vide de sa population. Ce, près d'une semaine après l'attaque des présumés combattants ADF dans cette localité contre le convoi des casques bleus qui a fait un mort et un blessé.

Sur plus de 200 habitants que compte cette localité, 30 seulement sont restés. Au centre de Makisabo ce dimanche, le reporter d'ACTUALITÉ.CD a constaté la présence d'une dizaine d'habitants. Ils sont partagés entre l'avis d'abandonner leur village et la peur d'être victime d'une quelconque attaque.

« Les gens ont fui à Beni, on est resté seul ici. Ma femme s'est aussi déplacée à Bulongo. Moi, je suis resté en train de veuiller sur nos biens, mais j'attends aussi la moto pour partir », explique Lusenge Pierre, la soixantaine d'années trouvé devant sa parcelle.

L'armée a été renforcée dans la zone au lendemain des tueries du samedi et lundi 22 juin, qui ont coûté la vie à trois personnes dont un soldat de la paix. Mais sa présence ne rassure la population.

« Nous vivons ici la peur au ventre, les gens sont partis. Depuis ces tueries personne n'a osé se rendre dans son champ. C'est demain que je vais tenter de visiter mon jardin. Les militaires sont ici mais ils ne passent pas nuit avec nous, ils sont dans leur campement. On ne sait pas quand est-ce que les rebelles peuvent frapper », s'inquiète David Paluku, qui a décidé de rester.

Les villageois expliquent à ACTUALITÉ.CD que les auteurs de ces deux attaques étaient venus de la route Halungupa et du parc national de Virunga, au sud de la localité.

Makisabo n'avait jusque-là aucun élément de l'ordre qui pouvait intervenir en cas d'une quelconque attaque affirme un Chef local, qui précise aussi que la seule position de l'armée dans la région se situait à Mangomba, à 5 kilomètres du village de Makisabo.

Isako Mahugo Dieudonné, Chef du village de Masenge à 3 kilomètres de Makisabo témoigne que plusieurs habitants des villages environnants se sont aussi déplacés craignant pour leur sécurité. Celui-ci qui a décidé de rester demande à l'armée de multiplier des patrouilles dans cette zone.

« Tout le monde est parti, comme tu nous vois ici. C'est le seul effectif qui nous reste, au moins dix femmes. Derrière nous, dans les villages de Mangombo, masenge jusqu'ici à Makisabo les gens se sont déplacés. Actuellement, c'est devenu tout un problème pour se rendre dans nos champs, même ici à 200 mètres, les gens ont peur. Nous voulons que l'armée veuille sur nous, qu'elle organise des patrouilles autour du village à partir de 17 heures », a déclaré à ACTUALITÉ.CD, Isako Mahugo Dieudonné, Chef du village de Masenge.

La localité de Makisabo a subi jusqu'ici deux attaques meurtrières des  rebelles ougandais ADF. La première attaque avait coûté la vie à deux personnes et deux véhicules des commerçants en provenance de Kasindi pour Beni incendiés.

La récente, c'est seule du lundi 22 juin contre les casques bleus, un soldat de la paix a perdu la vie et un autre blessé.

Yassin Kombi