RDC : HCR préoccupé par les flambées de violences contre les civils en Ituri

ACTUALITE.CD

Le Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) se dit préoccupé par la flambée de violences contre les populations civiles dans la région de l’Ituri, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Lors d’un point de presse le 8 mai dernier à Genève, le porte-parole du HCR a révélé que son  organisme et ses partenaires ont enregistré, durant les deux derniers mois, plus de 50 attaques contre des civils à Djugu, causant ainsi des violations massives des droits de l’homme.

« Les tensions sont en hausse depuis décembre 2019 lors du lancement d’une opération militaire dirigée par le gouvernement contre divers groupes armés semant la terreur dans la région. La violence a explosé depuis la mi-mars, alors que le nombre de contre-attaques menées par des groupes armés s’est multiplié. Dans la province de l’Ituri, le HCR et ses partenaires ont enregistré plus de 3000 violations graves des droits humains dans le territoire de Djugu au cours des 60 derniers jours, résultant de près de 50 attaques menées contre la population locale en moyenne chaque jour. Les personnes déplacées ont signalé des actes de violence extrême, avec au moins 274 civils ayant été tués au moyen d’armes comme des machettes. Plus de 140 femmes ont été violées et près de 8000 maisons ont été incendiées», révèle le porte-parole du HCR.

L’organisme onusien signale que ces violences ont poussé des milliers des populations à se déplacer dans des endroits estimés sécurisés. Il parle de  plus de 200 000 personnes déplacées enregistrés ces deux derniers mois seulement, essentiellement des femmes et des enfants. Le HCR s’inquiète de leurs conditions de vie et de leur sécurité.

« Conformément aux tendances antérieures, la grande majorité des personnes déplacées sont des femmes et des enfants qui vivent désormais dans des conditions de surpeuplement au sein de familles d’accueil. D’autres dorment en plein air ou dans des bâtiments publics, comme des écoles qui ne sont actuellement pas utilisées pour les classes en raison des mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19 (...) Le HCR est préoccupé par la sécurité des personnes déplacées et craint que le manque d’aide humanitaire n’ait un impact désastreux, car les possibilités de sources de revenus sont aujourd’hui réduites du fait de la pandémie de Covid-19. La faim pose également un risque réel du fait de la hausse des prix alimentaires en raison de l’approvisionnement limité dans ces deux territoires», alerte le HCR. 

Il regrette que son appel de fonds d’un montant de 154 millions de dollars destinés à financer une réponse adéquate en faveur des déplacés de la RDC ne soit financé qu’à hauteur de 18%.

Après des années de relative accalmie, les violences ont repris fin 2017 en Ituri. Des miliciens membres de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) s’en prennent aux civils. Selon un rapport retentissant, publié le 10 janvier par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH), ces attaques qui ont culminé vers la fin de l’année 2019 pourraient constituer un génocide.

Claude Sengenya