Albert Tcheta-Bampa : « Face au coronavirus, la RDC est mal armée à cause de l’absence des minima sociaux » (Interview)

Ph/actualite.cd

Dans cette interview exclusive accordée à DESKECO.COM, le professeur Albert Tcheta-Bampa jette son regard critique sur les mesures économiques arrêtées par le gouvernement Congolais face à la pandémie du covid-19 tout en proposant ce que devraient être, selon lui, les priorités. Chercheur au Centre d’Economie de l’Université de la Sorbonne, ce Congolais prêche pour des politiques de croissance en lieu et place des politiques d'austérieté comme c'est le cas actuellement avec le Programme de référence conclu avec le FMI. Scrutant sur l’après covid-19, Albert Tcheta-Bampa pense que cette crise sanitaire va engendrer des changements structurels profonds mais sans mettre fin à la mondialisation.

 

Propos recueillis par Stanis Bujakera Tshiamala

Quel regard global portez-vous sur les mesures de soutien à l’économie nationale prises par le gouvernement? 

Au fait, ces mesures constituent une politique budgétaire expansionniste ou  politique de relance budgétaire parce qu’elles recourent à l’augmentation des dépenses publiques et à la baisse des impôts pour accélérer le taux de croissance du PIB réel. Elles auront un effet global positif du fait que les dépenses publiques et les transferts ciblés sur des ménages, des entreprises se réalisent au moment où l’économie Congolaise se situe en bas de cycle. Ainsi, au vu de la littérature économique existante, un choc sur la dépense publique ou les transferts ciblés sur des agents spécifiques aurait un impact plus important sur l’activité s’il se réalise en basse conjoncture (comme cela est le cas aujourd’hui) plutôt qu’en haut de cycle économique.

Mais, la taille des multiplicateurs (ou les effets multiplicateurs) ne pourrait pas peut-être être grande, du fait que ces mesures budgétaires (impôt sur le revenu,  taxes, etc.) ne sont que des composantes contracycliques discrétionnaires. Elles  ont été adoptées par les décideurs délibérément en réponse aux fluctuations économiques d’aujourd’hui. Elles sont donc temporaires pour atténuer les difficultés économiques consécutives au coronavirus et stimuler la croissance du PIB. 

Il manque donc des minima sociaux, c’est-à-dire des stabilisateurs automatiques qui sont des mécanismes budgétaires qui agissent automatiquement pour aplanir les fluctuations économiques. Dans la plupart de cas, il s’agit par exemple de l’assurance emploi, des allocations ou indemnités chômage, certaines prestations sociales (aide personnalisée au logement, couverture maladie universelle, de la formation professionnelle…) lorsqu’on est au chômage. Ces composantes contracycliques automatiques ne nécessitent aucune action délibérée de la part du gouvernement.

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