Alors que l'accord de Washington et la déclaration de principes avaient nourri l'espoir d'un retour de la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo, la réalité sur terrain est tout autre. La violence continue de décimer les provinces du Nord et Sud-Kivu et celle de l'Ituri.
Tel est le constat fait par Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale de l'ONU pour l’Afrique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et au Département des opérations de paix déplorant que des progrès diplomatiques n'impactent pas positivement la réalité sur terrain.
"Des progrès encourageants ont été consentis ces derniers mois notamment avec la signature le 27 juin à Washington d'un accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda un accord facilité par les États-Unis d'Amérique qui a été suivi le 19 juillet de la signature d'une déclaration de principes avec le gouvernement de la République Démocratique du Congo et de l'AFC/M23. Nous saluons tous les efforts consentis par les États-Unis et le Qatar afin de permettre l'avènement de la paix en RDC. Malheureusement, l'évolution de la situation sécuritaire sur le terrain ne correspond pas au progrès réalisé sur le plan diplomatique puisque les parties n'ont pas encore honoré leurs engagements en vertu de la résolution 2773 du conseil de sécurité de l'ONU", a-t-elle fait savoir devant le conseil de sécurité de l'ONU.
Et de poursuivre :
"Le nombre de pertes civils a explosé, le personnel humanitaire risque sa vie pour fournir une maigre assistance à une population dont les besoins ne cessent de croître. La violence sexuelle en lien avec le conflit perdure face à l'indifférence généralisée, le recrutement forcé des enfants se poursuit alors que l'année scolaire est sur le point de commencer ce sont des milliers d'autres enfants qui ne pourront être scolarisés en raison de l'insécurité. Malgré une accalmie, des affrontements directs, les parties continuent de déployer des troupes et de transférer des armes le long des lignes des fronts".
Dans son exposé, la diplomate de l'ONU note la conquête par l'AFC/M23 soutenu par le Rwanda de plusieurs espaces dans la province du Nord-Kivu.
"Au Nord-Kivu, le conflit a nettement dégénéré depuis avril, l'AFC/M23 a continué de gagner des territoires à Masisi, Walikale et Lubero, elle s'est emparée des terres contrôlées par des groupes armés locaux sous la houlette des Wazalendo. Le 6 août 2025,le Haut Commissaire des Nations-Unies aux Droits de l'homme a fait une déclaration indiquant que d'après des rapports crédibles du bureau de l'ONU pour les droits de l'homme 319 civils dont au moins 48 femmes et 19 enfants auraient été tués par l'AFC/M23 appuyé par les membres des forces de défense rwandaise du 9 au 21 juillet dans 4 villages dans le territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu. Ces massacres sont la terrible conséquence d'une campagne militaire ciblant les bastions traditionnels des FDLR. Lors de ces opérations des centres de santé,des infrastructures également ont été détruits,des villages incendiés,des récoltes confisquées,le nombre de civils n'ont eu d'autres choix que de fuir,de travailler contre leur gré,le fait que les FDLR et les combattants Nyatura se soient mêlés à la population et attaquer des positions isolées des forces de défense du Rwanda et du M23 n'a fait que contribuer à la peur et à la méfiance ambiante", a fait remarquer Martha Ama Akyaa Pobee.
Si les lignes des fronts n'ont pas bougé dans la province du Sud-Kivu, Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale de l'ONU pour l’Afrique note la résurgence de la violence dans la province de l'Ituri.
"Au Sud-Kivu, les lignes de front sont restées stables pour l'essentiel. Cependant,la multiplication des escarmouches risquent d'exacerber les tensions interethniques. En Ituri,la situation sécuritaire s'est nettement détériorée depuis le début du mois de juillet malgré les progrès réalisés dans le cadre du dialogue inter groupe armé à Aru du 23 au 29 juin. Les fractions Zaïre affiliées à la Convention pour la Révolution Populaire (CRP) menée par Thomas Lubanga ont accru leurs opérations contre les positions armées du gouvernement en ciblant parfois les civils. La CODECO a également repris les hostilités en riposte aux activités de la CRP", a indiqué la diplomate de l'ONU.
Au-delà de l'activisme de l'AFC/M23, la diplomate de l'ONU note la résurgence de l'activisme des terroristes des ADF dans les provinces du Nord Kivu et Ituri.
"Dans les provinces du Nord Kivu et de l'Ituri,les Forces Démocratiques Alliés (ADF) continuent de gravement menacer les civils. 185 civils y compris des enfants ont été tués depuis début juillet. Des centaines ont été enlevées pendant la même période. À la suite du massacre de Komanda le 27 juin qui a coûté la vie à 43 personnes dont 19 femmes et 9 enfants,les ADF ont continué de commettre des massacres au quotidien. Du 11 au 18 août 2025 dans le Grand Nord du Nord-Kivu,les ADF ont tué à peu près 50 civils dont 7 femmes et 2 enfants. Elles ont incendié des maisons et enlevé un nombre encore inconnu des civils", a-t-elle déploré dans son intervention.
Les efforts diplomatiques des États-Unis et du Qatar pour ramener une paix durable dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) n'ont pas encore conduit à une amélioration des conditions sur le terrain, où la situation sécuritaire reste désastreuse. Sur terrain, les deux parties à savoir les FARDC et les rebelles de l'AFC/M23 ne cessent de s'accuser mutuellement des violations répétitives du cessez-le-feu.
Clément MUAMBA