Les quatre étapes de la feuille de route des confessions religieuses pour la tenue du dialogue national et inclusif ... ce qu'il faut savoir

Les délégations de la CENCO, de l'ECC reçues par Félix Tshisekedi
Les délégations de la CENCO, de l'ECC reçues par Félix Tshisekedi

Les principales confessions religieuses de la RDC dont la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l’Église du Christ au Congo (ECC), la Plateforme des Confessions Religieuses et la Coalition Interconfessionnelle pour la Nation (CIN) ont dévoilé ce lundi 25 août une feuille de route détaillée pour la tenue d'un dialogue national et inclusif. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de recherche des solutions face à la persistance des conflits armés, dont la résurgence de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda, ainsi que d'autres  groupes armés nationaux et étrangers qui continuent de déstabiliser l'Est de la RDC.

La feuille de route est articulée en quatre grandes étapes, constituant la trame du Processus national et inclusif de Paix en République Démocratique du Congo. Pour ces confessions religieuses, il s'agit là des jalons structurels de la trajectoire du champ d’action stratégique de l’Initiative du « Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ».

Étape 1: Le mois de la Paix  Pour un climat de confiance mutuelle et de décrispation politique

Cette première étape marque une transition stratégique entre le contexte de méfiance et le contexte d’acceptation mutuelle, en vue de mettre les uns et les autres dans les conditions préalables à un dialogue national et inclusif. En effet, ce « Mois de la Paix » vise à créer un environnement propice au pré-dialogue. 

Deux catégories d’activités y sont prévues : les activités spirituelles et les actions de plaidoyer. 

a) Activités spirituelles : il sera organisé un culte œcuménique national, officié simultanément sur toute l’étendue du territoire, y compris dans les zones sous contrôle de l’AFC/M23, en guise de rassemblement moral et spirituel autour de la paix. Ce moment solennel marquera l’engagement collectif de la Nation en faveur du processus de paix, de réconciliation et de guérison de la mémoire collective. D'autres initiatives spirituelles seront également mises en œuvre à travers les différentes Confessions religieuses, notamment la « Grande Pastorale de la Paix », destinée à promouvoir la tolérance, le pardon, la fraternité sociale, la non-violence, la réconciliation communautaire, ainsi que le retour progressif à la cohésion nationale.

Selon ces confessions religieuses, le défi que nous avons cru essentiel de relever au travers de ce « Mois de la paix » est fondamentalement double, à savoir : 

• La remise en question des pratiques culturelles et comportementales nuisibles ;

• L’émergence d’un environnement psychologique et social pacifique, basé sur la 

fraternité, la solidarité, le respect mutuel, la coopération intercommunautaire et la bonne entente citoyenne.

b) Activités de plaidoyer

En parallèle, seront conduites des missions de plaidoyer ciblées auprès des principales parties prenantes internes et externes, en vue de (d’) :

- Contribuer la décrispation de la situation politique, nécessaire pour garantir l’inclusivité ;

- Faciliter l’harmonisation des préalables au lancement d’un dialogue inclusif ;

- Encourager l’engagement formel des parties concernées autour de la feuille de route ; 

- Appuyer la mise en œuvre d’un cessez-le-feu effectif, dans le respect de la Déclaration des principes signée à Doha ;Accompagner les efforts des actions humanitaires en faveur des populations civiles déplacées, dans le respect du droit international humanitaire ;

- Contribuer au processus de désengagement des groupes armés, conformément à l’Accord de Washington.

" Cette étape aura le mérite d’améliorer le contexte pré-dialogue favorisant ainsi l’émergence d’un consensus entre les parties prenantes sur les axes prioritaires de la feuille de route du dialogue national et inclusif ", ont-elles soutenu.

Étape 2: Le Dialogue des Experts

Ici, ces confessions religieuses proposent ce « dialogue des experts » pour que les intelligences et les expériences professionnelles congolaises soient revalorisées et mobilisées pour l’élaboration des « feuilles de routes pratiques du redressement rapide et du développement accéléré de notre pays dans tous les domaines ». Ce « dialogue des experts » a donc pour vocation de poser les bases rationnelles, objectives et techniques du futur Pacte social pour la Paix et le Bien-vivre-ensemble en RDC et dans la région des Grands-Lacs. Il permettra aux universitaires, aux intellectuels, aux chercheurs, aux penseurs, aux experts et aux techniciens nationaux et ceux de la diaspora, qui seront appelés sur la base de la pertinence de leurs œuvres scientifiques, ainsi que l’excellence de leurs expériences professionnelles fonctionnelles, de contribuer à la mise en œuvre des solutions rationnelles, lucides et consensuelles aux termes des analyses des causes profondes de nombreuses crises qui  ne cessent de crucifier le destin national congolais depuis l’indépendance du 30 juin 1960. 

Les thématiques retenues à titre indicatif, sont les suivantes :

1) État des lieux des dialogues politiques et des accords de paix de 1960 à ce jour ;

2) Stratégies de défense nationale et de sécurité transfrontalière ;

3) Gouvernance sociale et économique ;

4) Gestion de l’environnement et des ressources naturelles ;

5) Processus démocratique et prospective électorale ;

6) Questions identitaires et cohabitation intercommunautaire ;

7) Coopération régionale et Traité de bon voisinage transfrontalier ;

8) Justice et droits humains.

Une note technique sera publiée en temps utile, afin de préciser les modalités pratiques de participation au « dialogue des experts ». Toutefois, les animateurs des Institutions publiques seront mis à contribution en vue d’apporter l’expertise institutionnelle au débat.

Étape 3: Le Dialogue Politique

D'après les confessions religieuses, cette étape, qui représente le point culminant du processus, a deux axes. Premier axe : obtenir le consensus des acteurs politiques et des Forces Vives de la Nation autour des différentes « Feuilles de route du redressement rapide et du développement accéléré de la RDC », élaborées lors du « Dialogue des Experts », aux fins de constituer les « Piliers Fondateurs du Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans la région des Grands-Lacs ».

Le deuxième axe concerne la tenue des assises politiques. Le défi de cet axe du « Dialogue politique » est de parvenir, dans le respect de la Constitution à un compromis politique patriotique, privilégiant des solutions holistiques et durables aux causes profondes de cette crise multiforme qui se perpétue depuis l’indépendance du 30 juin 1960. Le contenu de ce « compromis » n’étant ni préétabli ni pré-envisagé, il sera le fruit des libres et responsables échanges autour des préoccupations et désidératas politiques des parties prenantes. Ce dialogue politique réunira, dans un cadre technique structuré et sécurisé, l’ensemble des composantes majeures de la Nation, à savoir :

- La majorité au pouvoir ;

- L’opposition politique non armée ;

- L’opposition armée ;

- La société civile ;

- Les autorités coutumières et traditionnelles ;

- La diaspora congolaise ;

- Les personnalités indépendantes ou influentes issues du monde académique, culturel, intellectuel et économique.

Afin de garantir une participation représentative, équilibrée et inclusive au dialogue politique, un mécanisme de répartition équitable des quotas sera mis en place. Celui-ci tiendra compte de l’équilibre entre différents groupes. Les modalités pratiques de la tenue de ces assises politiques, notamment la structure de médiation et son plan de fonctionnement, seront rendues publiques en temps opportun.

"Au terme de cette « étape-clé » de notre initiative, nous prévoyons une cérémonie solennelle de remise à Son Excellence Monsieur le Président de la République et Chef de l’Etat, des conclusions du « dialogue des experts » et du « dialogue politique », qui seront, en définitive, les éléments constitutifs du Pacte social pour la Paix et le Bien-vivre-ensemble en RDC et dans la région des Grands-Lacs" ont-elles fait savoir dans leur communication.

Étape 4 : la Conférence internationale sur la paix et le bien-vivre ensemble dans la région des Grands-Lacs

D'après les confessions religieuses, ils ont opté ensemble pour la mise en place d’un « Secrétariat Technique », dont le rôle, outre celui de la coordination opérationnelle générale du processus, en planifiant et en accompagnant techniquement toutes les activités de cette initiative, aura spécialement la charge d’élaborer les dossiers techniques et les outils stratégiques devant structurer la démarche de plaidoyer à l’international, qui sera entrepris sous le leadership du Président de la République, dans l’objectif d’obtenir de la communauté internationale la tenue d’une Conférence internationale à deux niveaux, notamment :

• La Conférence internationale sur la paix et le bien-vivre ensemble dans la région  des Grands-Lacs ; Et la Conférence internationale sur le financement post-conflit de la reconstruction de la République Démocratique du Congo.

Clément MUAMBA