L’Union Européenne a salué, ce vendredi 22 novembre 2019, l’effort de la justice congolaise à punir sévèrement les crimes graves contre l’humanité. C’est après la condamnation, en début de semaine, par le Tribunal militaire de garnison de Bukavu, du chef milicien Frédéric Masudi Alimasi alias Koko di koko à la peine de servitude pénale à perpétuité, avec deux autres miliciens Raïa Mutomboki, condamnés respectivement à 15 et 20 ans de servitude pénale principale.
Les condamnés ont été reconnus coupables de plusieurs griefs dont les viols, meurtres, tortures, esclavage sexuel, privation de liberté, pillage et destruction des biens, actes matériels constitutifs de crime contre l'humanité commis contre les populations civiles, entre février et août 2018, dans plus de 15 villages des territoires de Shabunda et Mwenga, au Sud-Kivu.
« Dans la suite de précédentes décisions de justice, les condamnations prononcées témoignent de l’engagement de la justice congolaise à lutter contre les crimes les plus graves, en particulier les violences sexuelles de masse commises contre les populations civiles. Elles marquent une étape significative dans le combat contre les groupes armés et un signal positif dans la lutte contre l'impunité », déclare l’UE.
L’Union Européenne indique que « la reconnaissance par les tribunaux de la responsabilité de l’Etat congolais dans la protection des civils permettra d’assurer aux victimes le juste droit à la reconnaissance de leurs souffrances et à leur indemnisation et réhabilitation. »
Les juges ont demandé des réparations financières et des soins médico-sociaux en faveur de plus de 300 victimes qui se sont constituées parties civiles. Elles devront être indemnisées par les coupables ainsi que l’Etat congolais car, exceptionnellement pour ce procès, l’Etat congolais a été reconnu civilement responsable pour avoir, d’après les juges, failli à sa mission de protéger les civils.
« Il appartient désormais aux autorités compétentes d’assurer la pleine exécution de ce jugement et la mise en œuvre des réparations prononcées », rappelle l’UE.
Le procès de « Koko di Koko » a duré deux mois, ayant débuté en septembre dernier. Il a été caractérisé par des audiences foraines à Kitutu et Kigulube, au plus près des victimes, dans le Sud-Kivu profond, ainsi que les conclusions finales (plaidoiries des parties civiles, réquisitoire du ministère public et réplique de la défense) au siège, à Bukavu. Audiences au cours desquelles une soixantaine de victimes ont témoigné pour convaincre les trois juges militaires que les actes qu’elles ont subis étaient bien des « attaques systématiques et généralisées », constitutifs de crimes contre l’humanité.