N’a été surpris que celui qui ne s’y attendait pas. A la pompe, les chiffres ont bougé et les murmures font échos dans les rues de la bouillonnante capitale congolaise.
Jeudi matin, le prix du carburant a subi une augmentation de 80 francs congolais, comme décidé il y a peu par le collectif des entreprises pétrolières du Congo. Le litre d’essence est ainsi passé de 1.650 CDF à 1.730 CDF et celui du gasoil de 1.640 CDF à 1.720 CDF à la pompe, une hausse de 4,85%.
Ceci a été digéré comme le premier mauvais show du gouvernement de Bruno Tshibala, investi le 16 mai dernier à l’Assemblée nationale sous un serment austère.
Le chef de l’exécutif national avait, devant les élus, affirmé avoir "<em>l’ambition, la volonté et la détermination</em>" d’offrir au peuple congolais "<em>les meilleures élections de son histoire dans les délais convenus</em>".
Cette hausse est la troisième en quatre mois dans le pays. Le 25 février, le litre d’essence à la pompe est vite passé de 1.540 CDF à 1.615 FC et celui du gasoil de 1.530 FC à 1.605 FC. Le 10 mars, soit deux semaines plus tard, le prix du litre d’essence a pris son pied et a été fixé à 1.650 francs congolais (1,2 USD) et le gasoil à 1.640 FC.
Avant de hausser le prix, "<em>nous nous concertons généralement avec le gouvernement, vraisemblablement qui n’ignore pas le contexte économique auquel nous sommes confrontés depuis une année</em>", rassure Emery Mbatshi, vice-président du collectif des sociétés pétrolières privées de la RDC, contacté.
Lors de la deuxième hausse en mars dernier, les opérateurs du secteur étaient convenus avec le gouvernement d’une hausse de prix "par palier" pour éviter des conséquences sur "<em>la vie sociale</em>".
De l’avis des experts approchés par <a href="http://actualite.cd/">ACTUALITE.CD</a>, Brutshi et son gouvernement devraient plutôt s’attaquer à l’actuelle structure des prix du carburant, "<em>qui est assez lourde et complexe</em>" au lieu de "<em>brandir en gros plan</em>" la variation du taux de change.
- <strong>Pression fiscale</strong>
Prêt d’une dizaine de taxes et parafiscales rentrent en ligne de compte dans le secteur pétrolier, reflète un tableau de la structure des prix dont <a href="http://actualite.cd/">ACTUALITE.CD</a> s’est procuré une copie ce jeudi.
D’après certains experts, le prix moyen du carburant à la pompe est à 0.83 dollars au niveau mondial et presque tous les voisins de la RDC, sauf le Burundi, vendent du carburant à la pompe à moins de 0.9 dollars.
Dans ce tableau, le prix "moyen frontière commercial" sans taxe envoisine 699 FC. Comment explique-t-on le fait que les frais de distribution au niveau local dépassent le prix du carburant à l’achat ?
En effet, les frais et services SOCIR sont fixés à 111,035 FC pour un litre, les charges d’exploitation SEP ; Stock sécurité et Stratégie à 401,068 FC et les charges d’exploitation société commerciale à 176,365 FC.
Bref, les frais de distribution atteignent 788,668 FC le litre, ce qui est largement supérieur au prix d’achat unitaire (699FC). A cela s’ajoute la part du FONER (Fonds National d’Entretien Routier) qui 138 FC, les autres taxes (TVA et autres) qui sont à plus de 200 FC pour le litre.
- <strong>Hors de l’acceptable</strong>
<strong> </strong>Ceci rejoint, par exemple, les déclarations de Jean Bamanisa Saidi à <a href="http://actualite.cd/">ACTUALITE.CD</a> le 18 mai dernier : "<em>La fiscalité est pesante comme l’a dit le chef de l’État dans son discours au mois d’avril dernier. Le président de la République a dit qu’il faut une nouvelle loi fiscale</em>".
Les différents taxes et impôts du pays ne permettent pas actuellement à une entreprise de fonctionner correctement. Pourtant, le gouvernement a des experts dans les ministères de l’Economie, des Finances, des Mines et même à la primature. Il ne faut pas que quand un ministre part, il amène avec lui tout ce qui a été fait comme étude ou réflexion ou tous les dossiers”.
Willy Akonda, desk Eco.