Élèves enceintes à l'école : l'église catholique désapprouve cette décision dans ses établissements et insiste sur la moralité et la discipline

Photo d'illustration
Photo d'illustration

La signature, par le secrétaire général a.i du ministère de l'éducation nationale,  d'une note circulaire interdisant l'exclusion des élèves enceintes dans les écoles, divise l'opinion. L'église catholique, qui compte plusieurs établissements scolaires en RDC en partenariat avec l'État, refuse d'appliquer cette décision du gouvernement. 

Deux jours après la publication de cette nouvelle mesure, la commission épiscopale pour l'éducation chrétienne et la coordination nationale des écoles conventionnées catholiques a, dans un communiqué mercredi, étayé sa décision sur les prescrits de sa convention, qui insiste sur la moralité et la discipline de l'élève en matière de mœurs, ainsi qu'à l'inexistence d'une copie lui réservée.

« L'article 5 de notre Convention, en tant que acquis (cf. Accord Spécifique sur l'Éducation, Art 17) insiste sur la moralité et la discipline de l'élève en matière de mœurs. C'est que, d'une part, cette disposition de Monsieur le Secrétaire Général dont vous me faites signe, ne peut point opérer dans les Écoles conventionnées catholiques, en vertu des Art.1,2 et 3 dudit Accord », lit-on. 

Et de poursuivre : « d'autre part, comme vous le constatez, Monsieur le Secrétaire Général est conscient que sa lettre ne concerne pas les Écoles conventionnées catholiques. C'est pour cette raison qu'il n'en a pas réservé copie au Coordinateur National des Ecoles Conventionnées Catholiques qui sont, par conséquent, non concernées ».

Catégorique dans sa décision, l'église catholique a invité les chefs de ses établissements à orienter avec amour les élèves filles tombées enceinte de rejoindre les écoles auxquelles le ministère a adressé la note, pour une prestation idoine, « espérant de voir ne pas advenir des cas de grossesse des filles à l'école, afin de leur garantir un maintien éthique dans le système éducatif».

Lorsqu'une mesure indispose au sein de la majorité au pouvoir

La décision du gouvernement, qui réjouit les organisations militantes des droits de jeunes filles, lèse un nombre important d'acteurs politiques de la majorité au pouvoir. Parmi eux figure Billy Kambale, ancien ministre de la jeunesse, qui a salué la décision de l'Église catholique, taclant une « circulaire contraire à la morale et l'éthique ». Sur X, le secrétaire général de l'Union pour la nation congolaise (UNC) estime qu'une telle décision devrait préalablement être débattue au conseil des ministres. 

Pour Adam Bombole, ancien député national et candidat président de la République, c'est « une décision immorale qui encourage la prostitution infantile et la prolifération des filles-mères mineures », rappelant la loi 09/001 du 10 janvier 2009 qui fixe l'âge du consentement sexuel à 18 ans. 

Appuyant une décision qui, non seulement cadre avec les standards établis par l’UNICEF, l’UNESCO, l’OMS et l’ONU Femmes mais dont le non-respect viole les objectifs de développement (ODD 4 et 5), axés sur accès équitable à une éducation de qualité et sur l'égalité entre les sexes, l’ancien vice-ministre du budget Félix Momat, de surcroît gynécologue-obstétricien, a proposé une « stratégie cohérente » se reposant sur 4 piliers dont l’éducation sexuelle complète et des sanctions contre les auteurs de forfaits en milieu scolaire, indiquant que cette mesure, sans un « système d’accompagnement rigoureux ni mesures concrètes de soutien, de prévention et de réparation, exposent les filles et trahissent les engagements nationaux comme internationaux ».

Samyr LUKOMBO