Ristourne (Likelemba) : la banque qui soutient l’économie informelle en RDC

Selon plusieurs experts en économie et autres institutions spécialisées, l’économie informelle  représente plus de 80 % de l’activité économique en République démocratique du Congo. A Kinshasa comme en provinces, ce sont les petits marchands et les PEM qui permettent à cette activité de tourner au quotidien.  Comment expliquer que malgré la conjoncture actuelle et avec la rareté des  crédits bancaires mais aussi la fluctuation du taux de change, ces hommes et femmes résistent et sont toujours présents dans les marché, les rues et avenues, magasins, boutiques, salon de coiffure et autres ? La réponse est simple, comme le découvre ACTUALITE.CD : La ristourne appelée communément « LIKELEMBA » en lingala.

En réalité, partout où l’on trouve ces marchands, dans chaque quartier ou marché,  ils sont organisées en groupe de cinq, dix, cinquante voire même cent personnes.  Et selon chaque organisation, les cotisations se font  soit au quotidien, soit  deux fois par semaine ou encore chaque mois. Et l’argent perçu est remis  à tour de rôle à un ou deux membres du groupe selon la fréquence de perception. Le montant varie souvent  entre 100 francs congolais par jour jusqu’à plus de 1000 dollars américains par mois et par individu.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100">Au quartier Kinkole, dans la commune de la N’sele, une vendeuse d’arachides s’est confié à  <a href="http://actualite.cd/">actualite.cd</a&gt; : <em>« Ca fait plus de 15 ans que nous pratiquons la ristourne. Dans notre groupe nous sommes au nombre de 50 et chaque jour on cotise 2 milles francs congolais par personne. Ce qui signifie qu’avec ce groupe chacun membre reçoit à tour de rôle un montant équivalent à  100 milles francs congolais et cela pendant cinquante jours. Ce qui signifie qu’en moins de deux mois, je peux réunir ce montant sous forme d’épargne ou de crédit. C’est-à-dire ceux qui perçoivent ce montant au début le reçoivent comme crédit et les derniers comme épargne.  Vous savez, ce n’est pas facile  pour moi de réunir autant d’argent avec la vente d’arachides. Grace à cette somme, j’arrive soit renforcer mes activités soit encore payer les frais scolaires de mes enfants sans toucher à mon capital. Je suis aussi dans autre groupe ou les cotisations se font chaque semaine. Voilà comme j’arrive à tenir le coup avec ma famille ».  </em></blockquote>
Mademoiselle  Franelly vient d’obtenir cette année son diplôme de droit dans une université de la capitale.  Elle est responsable de 5 groupes de ristourne. Pour elle, cette activité l’a beaucoup aidé non seulement pour ses études mais de prendre en charge les études de sa sœur et de sa fille. Elle affirme jouer un rôle important dans ces transactions.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100">«  <em>C’est nous les responsables des ristournes,  qui récoltons l’argent auprès des membres. Et pour ça, nous avons des gains pour ce travail, un peu comme font les banques, nous avons des pourcentages dans chaque transaction. Ceci selon la convention de chaque groupe. Si un membre a des difficultés ou est malade nous sommes parfois obliger de supplier a ses cotisations. D’où la nécessite pour nous d’avoir ces gains. Par exemple, pour un groupe qui touche  100 milles francs, par jour, les membres sont obligée de cotiser le dernier jour le même montant pour moi, la responsable du groupe, et ça marche. Pour le montant dépassant le millier de dollars, nous avons droit à 30 dollars américains lorsqu’un membre touche son argent.</em> <em>Aucune personne ne s’y oppose</em> ». comme, les clients qui prennent les crédits auprès des banques et disparaissent après, les groupes subissent presque le même sort.</blockquote>
Certains membres, qui perçoivent l’argent avant les autres sous forme de prêt sont quelques fois introuvable. Et cela, handicape fortement le fonctionnement du groupe.

Il est difficile aujourd’hui de donner des vraies estimations sur le montant global de toutes ces transactions qui se font. Mais à voir le nombre des groupes existant, on pourrait dépasser le milliard de dollars l’an. C’est de l’argent qui normalement devrait passer par les banques.

Willy Akonda Lomanga

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