Masisi: OCHA déplore la restriction de l’accès humanitaire déjà fragile sur l’axe Masisi-Nyabiondo suite aux combats dans plusieurs villages

Une vue de la localité de Bihambwe/Ph prise en août 2017 par Patrick Maki ACTUALITE.CD

La situation dans l'Est de la République Démocratique du Congo continue de se détériorer. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), les affrontements entre groupes armés se sont poursuivis dans le territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu.

Selon son rapport couvrant la période du 1er juin au 30 juin 2025, en date du 10 juin, des combats sur l’axe Masisi Centre-Nyabiondo ont fait plusieurs centaines de nouveaux déplacés. Le trafic routier a été également coupé sur cette route vitale de la zone de santé de Masisi.

"Entre le 15 et le 16 juin, des groupes armés se sont affrontés à Kasopo, dans le groupement Nyamaboko I, (56 km au sud de Masisi Centre). Plus de 1 200 personnes (200 ménages) ont fui vers le territoire de Walikale, notamment dans les villages de Kalambayiro et Buhimba, (zone de santé de Kibua). Le 23 juin, des combats ont éclaté à Kinyaongo, puis se sont étendus à plusieurs autres villages, Kinyumba, Muhanga et Nyabiondo,occasionnant une restriction de l’accès humanitaire déjà fragile sur l’axe Masisi-Nyabiondo", lit-on dans le rapport.

Le 29 juin, poursuit le même rapport, une attaque contre la cité de Nyabiondo a fait un civil tué et deux autres gravement blessés. Par ailleurs, entre le 24 et le 26 juin, deux groupes armés se sont affrontés sur l’axe Kashuga-Kalembe dans la zone de santé de Mweso, rompant ainsi l’accalmie observée dans la région depuis plusieurs semaines. Plusieurs centaines de civils ont été forcés de fuir vers des zones jugées plus sûres. Les estimations de ces nouveaux déplacements ne sont pas encore établies.

Dans le territoire de Walikale, le rapport révèle que de nouveaux affrontements ont éclaté le 10 juin dans la localité de Mulema, située dans la ZS de Pinga, entraînant des incendies de maisons. Les infrastructures de base, y compris des centres de santé, ont été vandalisées. Plusieurs centaines de civils ont été forcés de fuir vers des localités jugées plus sûres. 

"Depuis le 14 juin, certains déplacés ont timidement commencé à retourner dans le village, mais la proximité des lignes de combat maintient un risque élevé de nouveaux affrontements. Le 25 juin, des affrontements entre groupes armés ont perturbé une distribution de vivres organisée par un partenaire humanitaire à Kashebere dans la zone de santé de Kibua. Près de 1 721 ménages, qui devaient bénéficier de cette aide (incluant des kits Articles Ménagers Essentiels et WASH), ont perdu leur assistance pendant la fuite", déplore OCHA.

Depuis début janvier de l'année en cours, l'escalade du conflit et l'intensification des attaques du M23 au Nord et au Sud-Kivu ont déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant la crise humanitaire et mettant à rude épreuve des ressources déjà rares. Les violences ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, tandis que la fermeture des routes et l'insécurité restreignent encore davantage l'accès humanitaire.

La situation à Goma, capitale du Nord-Kivu, et dans ses environs, où 700 000 personnes ont déjà été déplacées, reste très instable. L'avancée du M23 au Sud-Kivu crée un dangereux vide sécuritaire, forçant les personnes déplacées à fuir à nouveau, leurs camps étant détruits. Ces incidents interviennent alors que les délégués du gouvernement et de l'AFC/M23 séjournent à Doha sous la médiation du Qatar en vue de parvenir à la signature d'un accord de paix.

Clément MUAMBA