ACTUALITE.CD a reçu le député UNC et juriste Juvénal Munubo Mubi. Vice-président du Réseau des jeunes parlementaires, Il était membre de la commission « Sécurisation du processus électoral » au Dialogue politique national tenu à la Cité de l’Union africaine.
<strong>La primature accordée à l’Opposition, n’est-ce pas une violation de la constitution ? </strong>
D’abord, il faut considérer cette disposition là de l’accord comme un mécanisme de suivi de l’accord lui-même. Parce que ça ne se comprendrait pas que l’opposition ait participé au dialogue et que par la suite cette Opposition se retire du suivi des résolutions. Il y a un comité de suivi composé des 7 délégués de l’Opposition, 4 délégués de la Société civile et 7 délégués de la Majorité, mais en termes de mécanisme de suivi prévu dans l’accord il y a la primature qui sera donnée à l’Opposition et donc jusque-là on attend de voir celui qui sera le Premier ministre. La constitution ne sera pas mise de côté. C’est elle la base. Et nous n’étions pas allés à la Cité de l’UA pour violer la constitution. Donc la constitution reste d’application. Nous sommes légalistes et attachés au respect de la constitution. Ce qu’il faut savoir c’est que si l’UNC accepte de participer au gouvernement ça veut dire qu’il doit y avoir un changement côté parlement. Parce que la loi dit que le premier ministre doit venir de la partie ayant la majorité au parlement alors qu’en 2006 aucun parti n’avait été majoritaire au parlement. Cela nous avait contraint de nommer un informateur pour identifier une coalition majoritaire puis cette dernière nous avait donné un Premier ministre. Alors si l’UNC accepte de participer dans les institutions, c’est pour soutenir l’action du futur Premier ministre. Cela nous permettra d’entrer dans une coalition majoritaire au parlement. Cette structure est différente de la MP qui signifie « Majorité Présidentielle ». Il y a les résultats des urnes par rapport aux élections présidentielles et législatives de 2011 et il y a une modification à faire intervenir compte tenu de l’impasse électorale dans laquelle le pays se trouve actuellement et qui nous a conduit au dialogue, accompagné par la communauté internationale, qui vient de s’achever. Donc pour suivre les bonnes résolutions que nous avons prises dans ce dialogue, de façon à ce qu’en avril 2018 soient organisées les élections présidentielles et législatives, en terme de suivi il y aura d’abord un gouvernement de mission chargé de préparer l’organisation de ces élections et conduit par un premier ministre de l’Opposition et s’il nous arrive de participer dans un tel gouvernement, il sera question d’une coalition majoritaire au parlement. Mais ça ne veut pas dire que nous faisons partie de la MP. Veuillez à ne pas enfoncer la population dans la confusion.
<strong>Mais vous travaillerez sous l’autorité du président Kabila</strong>
Ce ne sera pas sous l’autorité du président Kabila. Il existe des résolutions. Le premier ministre qui sera issu de l’Opposition sera uniquement guidé par les résolutions issues du dialogue. S’il arrive par exemple que la MP s’écarte des résolutions qui nous unissent, nous qui ferons partie de cette coalition majoritaire au parlement n’allons pas la soutenir parce qu’il s’agit de deux entités différentes.
<strong>Mais vous n’êtes pas suffisamment nombreux pour former cette coalition, qu’allez-vous faire ?</strong>
Il y aura recomposition au niveau du parlement. Il existe déjà une coalition majoritaire au parlement. Elle pourra s’agrandir. Si on décide de mettre en œuvre les accords, ça veut dire que cette coalition majoritaire déjà présente au parlement doit tomber. Il y aura donc une recomposition et nous allons nous associer pour former un ensemble afin de soutenir l’action d’un gouvernement d’union nationale qui a une mission. Et sa mission sera de conduire le pays vers les élections dans les délais qui ont été maintenus.
<strong>Que penses-tu de ceux qui vous traitent de traitres ?</strong>
Ce n’est pas la population qui dit que nous avons trahi. Ceux qui le disent c’est quelques leaders politiques qui ont fait de mauvais calculs. Ils sont allés dans l’extrême or dans la politique on ne doit pas camper sur des positions extrêmes. Il faut être réaliste. Le problème c’est que nous étions en train de nous approcher de la date du 19 décembre 2016 mais il n’y avait toujours pas eu de débats sur l’organisation des élections. Le mérite pour l’UNC et Vital Kamerhe, c’est qu’ils ont été les premiers à prendre le courage politique de provoquer les débats relatifs à l’organisation des élections. Mais d’autres opposants ne se contentaient qu’à initier des manifestations, à pousser le peuple à sortir dans la rue. Mais alors que ces actions ne sont pas suffisantes. Le peuple ne veut pas seulement des manifestations. Le peuple veut que la classe politique lui dise quand est-ce qu’il y aura des élections. Et le président Vital Kamerhe a le mérite d’avoir initié ce débat. Nous avons posé des questions sur l’organisation des élections et nous avons pu établir la responsabilité de la CENI puis nous avons pu fixer une date.
<strong>Des ville-mortes qui persistent toujours ne constituent pas un rejet de la population face à l’accord issu du dialogue ?</strong>
Je ne crois pas que c’est tout le monde qui a respecté cette ville morte. Il y a eu des gens qui ont ouvert leurs boutiques. La population n’est plus naïve. Ce n’est pas parce que d’autres leaders racontent que Kamerhe a trahi que la population va les suivre moutonnement, non ! Nous sommes sur la bonne voie. Et la finalité c’est que tous ces gens, même ceux du rassemblement finiront par adhérer à un compromis politique. Tout ce qu’ils font là, ils sont en train de faire rêver la population. Ils ne sont pas réalistes.
<strong>Pensez-vous que les résolutions du dialogue ont écarté le risque des troubles ?</strong>
Il y a des inquiétudes, bien sûr ! Mais il y a moyen de travailler pour épargner le pays des troubles qui pointent à l’horizon. Par exemple à travers le dialogue que nous avons tenu et qui a été salué par l’OIF, par Ban Ki-Moon, etc. Tout ça c’est pour conduire le pays vers l’alternance pacifique. Alors je ne vois pas pourquoi on nous accuse de trahison.
<strong>Kamerehon ou Kemerhe-héros ? Vous choisissez quoi ?</strong>
Je ne veux pas entrer dans ces débats mais je crois que comme Kamerhe a pris son courage politique de participer au dialogue et, grâce à son leadership, nous avons pu situer l’élection présidentielle en date du 29 avril de 2018, pour moi il est plutôt un héros. Et Ils ne sont pas nombreux ce genre des hommes politiques.
<strong>Votre dernier mot ?</strong>
Je reste convaincu que la voie que nous avons choisie est une voie de changement. Et ce changement nous l’aurons de manière pacifique. Nous croyons toujours à l’alternance. Nous restons positifs et nous demandons aux autres de venir rejoindre le cadre qui a été tracé car ceci nous amènera vers une alternance pacifique.
Interview réalisée par Stany Bujakera Tshiamala