Les préparatifs des fêtes de fin d’année se sentent aussi dans la ville de Goma, malgré son emprise par les rebelles de l’AFC/M23 depuis le mois de janvier 2025. La vie reprend progressivement et les habitants font preuve de résilience face aux bouleversements causés par la crise sécuritaire et économique.
À l’approche de la fête de Nouvel An, les principales artères commerciales de la ville connaissent une animation inhabituelle. Dans le centre commercial, plusieurs parents se déplacent avec leurs enfants afin d’acheter des vêtements à porter le jour du Nouvel An. Les marchés sont bondés et la circulation entre les magasins devient difficile en raison de l’affluence.
Ce mardi 30 décembre 2025, soit deux jours avant la fête du Nouvel An, un engouement particulier a été observé dans plusieurs marchés de la capitale du Nord-Kivu. Aux environs de 14 heures, ACTUALITÉ.CD s’est rendu au centre commercial de Birere, un lieu stratégique pour l’approvisionnement des commerçants et des petits vendeurs. De nombreux articles y étaient étalés à même le sol le long des principales artères.
Sur place, ACTUALITÉ.CD a rencontré madame Aline Chirabagula Tumsifu, femme ménagère, la trentaine révolue portant sur la tête un panier de pommes de terre et de bananes plantain, et tenant un sac contenant deux poules de race hybride. Elle affichait un visage souriant à l’approche des fêtes, malgré un contexte jugé difficile marqué par la crise sécuritaire et économique, tout en exprimant la volonté de célébrer la fin d’année afin d’apporter un peu de joie aux enfants.
« Je viens du marché de Kahembe où je suis allée acheter des pommes de terre, des bananes plantain et ces poules que vous voyez. J’ai choisi surtout le marché de Kahembe parce qu’on m’a dit que la nourriture y est moins chère. Cette année n’a pas vraiment été facile pour plusieurs familles à Goma. Nous remercions d’abord le bon Dieu de nous avoir permis d’arriver jusque-là et de clôturer cette année. Malgré nos maigres moyens, mon mari et moi avons quand même décidé de trouver quelque chose afin de voir comment fêter le Nouvel An avec les enfants », a-t-elle confié.
À quelques mètres de là, toujours au centre commercial de Birere, ACTUALITÉ.CD a également rencontré madame Francine Mwenyemali, vendeuse dans une boutique de produits vivriers. Elle a indiqué que les clients ne sont pas très nombreux, bien que certains tentent de se procurer quelques produits pour célébrer le Nouvel An, tandis que d’autres hésitent après s’être renseignés sur les prix.
Madame Francine Mwenyemali a expliqué que la baisse des prix n’a pas suffi à stimuler les ventes. Selon elle, la principale difficulté reste la faible circulation de la monnaie dans les ménages, conséquence de la fermeture des banques et de l’aéroport international de Goma.
« Depuis avant la fête de Noël, l’engouement est vraiment perceptible ici à Birere. Les gens sont nombreux, surtout à cause de la baisse des prix. Cependant, pour nous qui sommes dans des boutiques commerciales, en particulier ceux qui vendent des produits vivriers, les clients ne sont pas vraiment nombreux.
Bien qu’il y ait beaucoup de monde ici à Birere, certains viennent simplement par curiosité. Par exemple, moi, tu me trouves ici depuis le matin et j’ai même du mal à avoir cinq clients. Certains viennent juste pour se renseigner, et d’autres hésitent à acheter après avoir entendu le prix. Mais ceux qui ont réellement l’intention d’acheter n’hésitent pas à payer certains articles afin d’aller fêter avec leurs familles », a-t-elle fait savoir.
Par la suite, ACTUALITÉ.CD s’est rendu au marché central de Virunga, où une baisse des prix des denrées alimentaires a été observée en cette fin d’année 2025. Toutefois, aucun engouement significatif n’y était visible, les acheteurs s’y présentant en petit nombre, selon certains commerçants rencontrés.
Bien que le marché central de Virunga soit envahi par de nombreuses personnes en cette période de festivités de fin d’année, beaucoup s’y rendent par curiosité et non pour effectuer des achats, ont déploré les commerçants rencontrés ce mardi 30 décembre 2025, deux jours avant la fête du Nouvel An.
Au marché Olive Lembe, communément appelé marché Alanine, ACTUALITÉ.CD a rencontré Evelyne Musemakweli, femme de ménage venue s’approvisionner en pommes de terre. Elle a reconnu que les prix de certains produits sont devenus plus abordables, tout en estimant que le pouvoir d’achat reste insuffisant.
« Les pommes de terre, par exemple, se vendent aujourd’hui entre 800 et 950 francs, alors qu’elles coûtaient 1 200 francs auparavant (1 kilo). Le haricot aussi a baissé, mais l’engouement n’est plus le même. Les gens n’ont pas vraiment d’argent. Il y a une crise qui s’observe, surtout avec la fermeture des banques, et plusieurs personnes ont perdu leurs activités depuis le début de cette crise (Ndlr…)», confie-t-elle.
Depuis la prise de la ville de Goma par la rébellion de l’AFC/M23 le 27 janvier 2025, une crise économique profonde s’est installée. La fermeture des banques et de l’aéroport a affecté plusieurs familles, en particulier celles dont les activités dépendaient fortement des services bancaires et aéroportuaires.
Toutefois, une légère dynamique a été observée cette semaine, après la décision du gouvernement de Kinshasa de procéder au paiement de certains fonctionnaires de l’État afin de leur permettre de célébrer la fête du Nouvel An. ACTUALITÉ.CD a constaté la présence de plusieurs bénéficiaires dans des points de transaction d’argent, effectuant des retraits, contribuant ainsi à une timide relance des activités commerciales dans la ville.
Josué Mutanava, à Goma