Le gouvernement de la République démocratique du Congo vient de subir une nouvelle défaite sur le théâtre des opérations avec l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, par la rébellion de l’AFC/M23 appuyée par le Rwanda. Cela intervient en dépit des initiatives diplomatiques en cours, notamment celles menées par les États-Unis dans le cadre du conflit entre Kinshasa et Kigali, ainsi que le processus de Doha sous l’égide de l’État du Qatar entre Kinshasa et l’AFC/M23.
Vingt-quatre heures après la réunion restreinte du Conseil des ministres présidée par Félix Tshisekedi, les autorités ont réuni ce vendredi 12 décembre 2025 les ambassadeurs et diplomates accrédités en RDC afin d’exprimer leur désapprobation face à cette nouvelle escalade des violences. Au nom de sa collègue des Affaires étrangères, le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, a réaffirmé la détermination du gouvernement à défendre l’intégrité du territoire, promettant une riposte pour la reconquête de la ville stratégique d’Uvira.
"Face à cette situation, le gouvernement congolais a une position claire et responsable. Premièrement, nous ne capitulerons pas. Les Forces armées de la République démocratique du Congo, appuyées par les forces alliées, se réorganisent et se repositionnent pour défendre l’intégrité du territoire. La bataille pour libérer le Sud-Kivu n’est pas terminée. Deuxièmement, nous tenons le Rwanda et ses dirigeants pleinement responsables de cette agression. Les preuves de son implication directe sont accablantes et documentées. Ce n’est plus une question d’allégation, puisque le Président Kagame lui-même a dit que cette partie du territoire était entre ses mains. Donc, il réaffirme sa responsabilité personnelle sur ce qui se passe. Il s’agit là d’un fait accompli", a déclaré le Ministre Guillaume Ngefa.
D'après M. Ngefa qui avait à ses côtés ses collègues de la communication et la vice-ministre des affaires étrangères, la ville d'Uvira revêt d'une importance capitale pour le gouvernement, elle ne peut pas être laissée entre les mains de la rébellion.
"Uvira n’est pas un simple point sur une carte, c’est une ville portuaire vitale sur le lac Tanganyika, un carrefour économique et humain, et le foyer de centaines de milliers de Congolais. Sa chute n’est pas un revers militaire mineur, c’est une agression majeure et une occupation illégale d’une partie de notre territoire. Cette action constitue une violation unilatérale de l’accord de Washington du 4 décembre 2025 ; une violation de l’accord du 27 juin 2025 interdisant les incursions militaires et les soutiens aux groupes armés ; un mépris absolu de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU ; une insulte aux principes fondateurs de l’Union africaine et de la Communauté d’Afrique de l’Est et enfin, une tragédie humanitaire, avec des milliers de familles jetées sur les routes de l’exode", a déploré Guillaume Ngefa.
Cette rencontre intervient dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.
La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle.
Après l’occupation de Bukavu en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné la Uvira comme siège provisoire des institutions dans les zones encore sous contrôle gouvernemental dans la province du Sud-Kivu. L’AFC/M23, soutenu par le Rwanda et son armée, ayant désormais pris le contrôle d’Uvira, inflige, selon le chef de la diplomatie burundaise, une "gifle " à Washington, seulement quelques jours après la signature des accords censés ramener la paix dans la région des Grands Lacs.
Clément MUAMBA