Le gouvernement congolais aux diplomates : « la communauté internationale va-t-elle permettre qu'un État membre de l'ONU et de l'UA soit démantelé par la force ou se lèvera-t-elle pour dire stop ? »

Les membres du gouvernement face aux diplomates accrédités en RDC
Les membres du gouvernement face aux diplomates accrédités en RDC

En dépit de l’escalade de violences ayant entouré l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, par la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda, le gouvernement congolais réaffirme sa volonté de résoudre pacifiquement la crise sécuritaire qui frappe sa partie orientale depuis plus de trois décennies déjà. 

S’exprimant devant les diplomates et ambassadeurs accrédités en RDC, le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, a déclaré que la main tendue de la RDC a régulièrement été " mordue " par le Rwanda qui, selon lui, ne cesse de violer les initiatives diplomatiques en cours afin de maintenir une influence jugée illégale sur le territoire congolais.

" La RDC ne cherche pas la guerre. Nous avons tendu la main pour la paix et son Excellence Monsieur le Président de la République l’a dit à plusieurs occasions, y compris lors de la signature de l’accord de Washington. Malheureusement, la main tendue pour la paix a été mordue mais la république ne pliera pas, notre peuple est uni derrière ses institutions légitimes. Chaque centimètre carré de notre territoire sera défendu ", a affirmé le ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux. 

Occasion pour Guillaume Ngefa d'inviter la communauté internationale à agir pour remettre la RDC dans ses droits. Selon lui, il faut respecter la charte des Nations-Unies et les textes de l'Union africaine. 

" La question pour la communauté internationale est simple, et je vous la pose à tous ici présents : Est-ce que vous allez permettre qu'un État membre des Nations Unies et de l'Union africaine soit démantelé par la force ? Ou se lèvera-t-elle enfin avec fermeté et cohérence pour dire ceci:Stop ! L’agression doit cesser. Le droit doit prévaloir. La souveraineté de la RDC, telle que réaffirmée par la Charte des Nations Unies et la Charte africaine, est inviolable. Le choix qui sera fait dans les prochaines heures et les prochains jours déterminera l’avenir de la RDC et la crédibilité du système de sécurité collective, en Afrique et dans le monde ", a souligné Guillaume Ngefa. 

Dans le même registre, il a fait savoir qu'il y a le Rwanda qui ne cesse de fouler aux pieds les différentes résolutions du Conseil de sécurité. Il dit qu’il ne comprend pas pourquoi la communauté internationale attend que la situation se détériore pour réagir. 

" Il y a eu plusieurs résolutions du Conseil de sécurité qui ont été prises sur la situation de la RDC. Un seul pays les foule aux pieds devant la communauté internationale. Vous voulez intervenir seulement lorsque les actes de génocide commenceront à se propager sur l’ensemble du territoire national ? Je pense qu’il est temps que le droit et la paix prévalent. La RDC continuera de se battre pour sa souveraineté, de tendre toujours la main pour une paix juste et durable, mais ne négociera jamais sous la menace des armes. Je compte sur vous pour porter ces messages de vérité et cet appel à la responsabilité auprès de vos capitales et organisation ",  a plaidé le ministre Ngefa. 

Cette rencontre intervient dans un contexte où la ville d'Uvira, considérée comme stratégique dans le dispositif sécuritaire du gouvernement congolais dans la province du Sud-Kivu, est désormais passée sous le contrôle de la rébellion de l’AFC/M23, renforçant davantage son influence et sa mainmise dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit d’un verrou essentiel susceptible d’ouvrir la voie à l’AFC/M23 vers l’espace Grand Katanga, considéré comme le poumon économique du pays.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle. 

Après l’occupation de Bukavu en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné la Uvira comme siège provisoire des institutions dans les zones encore sous contrôle gouvernemental dans la province du Sud-Kivu. L’AFC/M23, soutenu par le Rwanda et son armée, ayant désormais pris le contrôle d’Uvira, inflige, selon le chef de la diplomatie burundaise, une "gifle " à Washington, seulement quelques jours après la signature des accords censés ramener la paix dans la région des Grands Lacs.

Clément MUAMBA