Lubero : le personnel de l’hôpital général de référence déclenche une grève sèche et illimitée

Grève des infirmiers aux cliniques Ngaliema
Grève des infirmiers aux cliniques Ngaliema

Le personnel et les agents de l’hôpital général de référence (HGR) de Lubero ont annoncé une grève sèche et illimitée à partir de ce lundi 24 novembre 2025. Ils conditionnent la reprise du travail au départ du médecin directeur et de l’administrateur gestionnaire de cet établissement.

Selon Kakule Vyambwera Augustin, directeur de nursing de l’hôpital, joint par ACTUALITÉ.CD, ces deux responsables n’ont jamais accepté leurs mutations alors qu’ils avaient été mutés depuis le 20 janvier. Il les accuse également de mégestion, de détournement des fonds ainsi que de gestion du personnel par “intimidation et propos choquants lors des tournées de salle”. Le personnel réclame ainsi l’implication des autorités compétentes et la mise en place d’une administration saine et respectueuse.

« Si nous avons déclenché un mouvement de grève, c’est parce que nos deux dirigeants sont mutés depuis le 20 janvier et, jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont jamais voulu aller là où ils ont été mutés. Ces deux agents sont le médecin directeur et son administrateur. Nous, le personnel, avons obtenu des preuves au bureau de comptabilité où une somme très importante a été volée. Voilà pourquoi nous nous étions vus avec le chef, et lorsque celui-ci a constaté qu’il y avait du désordre, il avait jugé bon de muter ces personnes. Il y a plusieurs matériels de l’hôpital qui ont été volés par ces mêmes dirigeants, et ce problème ne date pas d’aujourd’hui : il remonte au 4 avril. Nous avions écrit un mémorandum sur la mauvaise gestion de l’hôpital au bureau central, mais jusqu’à présent nous n’avons jamais eu de réponse.

Nous donnons trois jours, donc 72 heures, pour que ces personnes ne soient plus dans cet hôpital. Chose étonnante : les deux responsables que nous accusons ont fait arrêter deux de nos agents, qui sont jusqu’à présent au cachot. Si ces deux autorités quittent seulement l’hôpital, nous allons reprendre nos activités. Mais tant que ces personnes sont encore là, nous n’allons pas continuer avec les activités », a-t-il déclaré.

Les professionnels de santé déclinent toute responsabilité quant à la prise en charge des malades durant la période de grève. Deux d’entre eux, Kakule Tsumbi Patrick et Kakule Bwanandeke Steven, ont d’ailleurs été interpellés par l’administrateur militaire du territoire de Lubero pour abandon de malades le week-end dernier.

Ce lundi, les grévistes se sont rendus au bureau administratif du territoire de Lubero pour exiger leur libération, sans succès. Le colonel Kiwewa Mitela Alain, administrateur du territoire, affirme qu’une délégation du ministère de la Santé serait en route pour tenter de résoudre le conflit au sein de l’hôpital.

Pour rappel, le personnel de l’HGR de Lubero avait déjà adressé une lettre de préavis de grève au gouverneur de province le 18 août 2025, suite aux mêmes griefs, mais sans suite. L’administrateur gestionnaire de la zone de santé de Lubero avait indiqué récemment qu’une approche palliative était en discussion depuis l’intervention du général-major Kakule Somo Evariste lors de son déplacement dans le territoire le 19 août.

Contactée par ACTUALITÉ.CD, le médecin directeur de l’hôpital, Leocady Katungu Vyalyaghe, incriminée dans ce dossier, s’est réservée à tout commentaire.

En attendant, la grève a déjà des répercussions sur la prise en charge des malades. Ce lundi, un enfant déplacé de guerre est décédé à l’hôpital.

La société civile de la commune de Lubero s’inquiète des conséquences graves de ce mouvement déclenché par les infirmiers et agents. Elle rappelle que les malades, notamment les blessés de guerre, les déplacés et les femmes enceintes, sont laissés à leur sort. Jackson Mumbere Vahalwire, président de cette structure, tient les autorités provinciales pour responsables de tout décès durant la grève et dit se réserver le droit d’appeler la population à mener des actions publiques  afin d’obtenir une solution rapide.

Josué Mutanava, à Goma