Depuis l'accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, la République Démocratique du Congo (RDC) a renoué sa collaboration avec les institutions de Bretton Woods notamment le Fonds monétaire international (FMI) et le Groupe de la Banque mondiale. Cette coopération se traduit par l'existence d'un programme économique avec le FMI et les multiples appuis budgétaires de la Banque mondiale ramenant son portefeuille des projets en RDC à près de 8 milliards USD.
Après une nouvelle mission menée en RDC, l’équipe du FMI est parvenue à un accord au niveau des services avec la République Démocratique du Congo sur la deuxième revue au titre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et la première revue au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité sous réserve d’approbation par la Direction générale et le Conseil d’administration du FMI. L’examen du dossier par le Conseil d’administration est prévu pour décembre 2025.
Alors que du côté du gouvernement ces différentes collaborations sont considérées comme des signes d'une bonne gouvernance économique, l'opposition voit les choses autrement. Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi estime qu'il est temps de regarder la vérité en face.
"Alors que la RD Congo traverse une crise humanitaire sans précédent, ces institutions continuent d’applaudir une prétendue “stabilité macroéconomique” qui n’existe que dans leurs rapports de mission. Ce double langage est indécent et moralement inacceptable. Comment parler de performance économique quand le peuple meurt de faim ? Comment saluer une gestion budgétaire alors que les fonds publics s’évaporent dans les circuits de la prédation et de la rente politique ? ", s'est-il interrogé ce jeudi 6 novembre sur X.
Ce cadre d'Ensemble pour la République fustige le fait que les rapports de l'UNICEF crient l’urgence ; ceux du FMI célèbrent des chiffres creux. Il est parti plus loin en se référant au dernier rapport du PAM qui parle de 26,6 millions de Congolais dont plus d’un quart de la population sont aujourd’hui confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, un record absolu.
Selon toujours Kamitatu, le rapport conjoint de la FAO et du Cadre intégré de classification (IPC) indique qu’entre juillet et décembre 2024, 25,6 millions de personnes vivent dans des conditions de crise alimentaire ou pire. L’UNICEF estime que 4,75 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, dont plus de 250 000 en situation de malnutrition sévère aiguë, tandis que 1,57 million de femmes enceintes ou allaitantes sont affectées par la faim.
"Ces chiffres ne sont pas des abstractions : ils traduisent la faillite d’un État qui détourne la manne publique au profit d’une oligarchie prédatrice. Nous le disons avec gravité : en maintenant leur appui budgétaire direct à un régime prédateur dans le cadre de la Facilité de Crédit Élargie, le FMI et la Banque mondiale se rendent complices d’un modèle économique sans développement et sans morale. En soutenant un pouvoir discrédité qui viole les droits fondamentaux et détourne les ressources nationales, ces institutions perdent toute crédibilité. L’histoire retiendra qu’au nom de la stabilité financière, elles ont choisi d’accompagner la pauvreté et la misère plutôt que de les combattre", a martelé Kamitatu.
Au mois de juillet 2025, le Conseil d’administration du FMI avait conclu la première revue de l’accord au titre de la FEC, approuvé le 15 janvier 2025, permettant un décaissement immédiat de 190,4 millions de DTS (environ 261,9 millions USD) pour répondre aux besoins de balance des paiements.
Ce nouvel accord s’inscrit dans la continuité du précédent programme triennal conclu en 2021, d’un montant de 1,5 milliard USD, qui avait permis de renforcer les réserves internationales de change (passées de 1,7 à 6 milliards USD) et de stabiliser progressivement le cadre macroéconomique du pays malgré un contexte difficile.
Clément MUAMBA