Kinshasa : à la rencontre de Rachel Mulowayi, gagnante de l’édition 2025 du concours d’éloquence interuniversitaire E360

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Rachel Mulowayi Tuamba

Le Concours d’Éloquence E360, édition 2025 a livré son verdict samedi 1er novembre dernier au Centre Culturel et Artistique des Pays de l’Afrique Centrale. Au terme d’une finale intense qui a réuni la crème des orateurs universitaires de la ville de Kinshasa, Rachel Mulowayi Tuamba, étudiante en troisième licence à l’Université Catholique du Congo (UCC), s’est imposée comme la grande gagnante.

Plus qu’une performance, sa prise de parole a été un moment d’écoute, d’émotion et de réflexion. Avec une diction maîtrisée, un argumentaire solide et une sensibilité assumée, Rachel a su transformer une interrogation philosophique en message collectif puissant. Derrière cette victoire, il y a des heures de préparation, des phases de sélection rigoureuses, et une passion affirmée pour l’art de dire, convaincre et éblouir.

Dans une interview accordée au Desk Femme de ACTUALITE.CD, Rachel Mulowayi revient sur son expérience, les coulisses de la compétition, les moments forts, ainsi que sa vision de l’éloquence.

Desk Femme : Que représente pour toi le Concours Éloquence 360 que tu as remporté samedi dernier ?

Rachel Mulowayi : Le concours Eloquence 360 représente pour moi le travail acharné et beaucoup de courages et de déterminations. Si je dois dédier ma victoire à quelque chose, c’est au courage et à la détermination parce que sans ces choses là, je ne n’aurais pas pu arriver jusqu’en finale, encore moins, gagner cette compétition.

Pour en arriver là, il y a eu plusieurs étapes et des éliminations, raconte-nous ton parcours avant d’arriver à la finale ?

Rachel Mulowayi : Les épreuves devenaient de plus en plus difficiles, des sujets tout autant difficiles. Parfois, c’était le chrono qui me semblait pas suffisant. C’est un concours qui nous a beaucoup challengés, je suis vraiment challengée car le concours demandait une certaine constance. Et tous les jours, il fallait se surpasser, faire mieux qu’hier, oublier les victoires précédentes et prouver que nous avons notre place ou prouver que nous pouvons donner quelque de nous-mêmes.

Le thème de la finale était « Et si Dieu était congolais ? ». En abordant la thématique, qu’avais-tu voulu dire en plus de l’embellissement du discours ?

Rachel Mulowayi : Sincèrement, c’est une thématique qui m’a beaucoup intriguée. Il y a des sujets qui nous paraissent à première vue faciles mais quand on essaie de pousser la réflexion un peu loin, on a l’impression qu’on ne sait pas par où commencer, et c’était mon cas. 

J’ai ensuite eu le déclic, je me suis dit que la chose qui peut rendre ce discours plus profond est si je l’aborde dans l’optique où je permets à l’auditoire de s’imaginer un monde où le divin devenait congolais. Et il fallait prendre des exemples courants, ceux de notre quotidien. A l’exemple des embouteillages, en faisant référence à certains endroits de la capitale, ce qui a permis à mon auditoire de percer le fond de ma pensée. 

Quel rôle les formateurs ont joué dans ton parcours jusqu’à gagner la compétition ? 

Rachel Mulowayi : Les formateurs ont joué un rôle très essentiel parce que c’est vrai que dans un concours tout le monde n’a pas le même niveau. Le simple fait de les avoir eus était très intéressant parce que cela a permis d’avoir de bonnes bases. C’était un peu comme les outils qu’on donnait à chacun avant la vraie bataille de façon à ce que ce soit équitable. 

Selon toi, pourquoi l’éloquence est-elle importante pour la jeunesse congolaise d’aujourd’hui ?

Rachel Mulowayi : L’éloquence est très importante pour la jeunesse congolaise parce que les jeunes congolais doivent apprendre à s’exprimer. C’est vraiment un art de parler, pas pour faire du bruit ou de passer des heures sur TikTok et ne rien raconter. C’est pour faire valoir des idées fortes. La jeunesse congolaise devrait apprendre à parler de manière concise, de sorte à faire valoir des idées parce que peu importe le domaine, il faudrait à un moment donné prendre la parole. C’est intéressant de cultiver cet art de bien parler et bien dire les choses.

Quelle place devraient avoir les concours d’éloquence dans le système éducatif ?

Rachel Mulowayi : Les concours d’éloquence devraient avoir une place capitale dans le système éducatif parce que les jeunes congolais doivent apprendre à bien s’exprimer. Malheureusement, nous remarquons que beaucoup de personnes ont du mal parfois à bien faire valoir leurs idées, c’est dommage. Et dans un concours en art oratoire, on ne vient pas forcément avec la prétention de tout connaître, mais avec l’humilité d’apprendre.

Avant que les gens apprennent de nous, nous devons avoir cette capacité d’apprendre des autres. Dans ce concours, s’il y a quelque chose que vous avons développé, c’est l’écoute. L’art oratoire, c’est parler mais avant, il faut écouter. Dans le système éducatif, nous pouvons instruire les jeunes gens en mettant un accent sur l’écoute, ce sera très bien.

Si tu devais résumer cette aventure en un mot, lequel serait-il ?

Rachel Mulowayi : Je dirais découvertes.

Tu es encore étudiante mais quels changements ou opportunités espères-tu après ce sacre ?

Rachel Mulowayi : Il y a des projets pour mettre en valeur le talent d’oratrice. Les opportunités auxquelles je m’attends sont entre autres des formations parce que le concours nous a permis de découvrir qu’il y a des talents d’orateur et qu’il faut faire en sorte que ce talent soit fructifié. 

As-tu déjà des projets pour mettre en valeur ton talent d’oratrice ? 

Rachel Mulowayi : Je mise tout sur des formations parce qu’on se dit qu’on ne finira jamais d’apprendre. Il faut apprendre continuellement et il faut accepter d’être formé.

Quel message aimerais-tu adresser aux jeunes qui hésitent à prendre la parole en public, en particulier les jeunes femmes ? 

Rachel Mulowayi : Ce que je dirais est que chères dames, vous devez oser parce que ce monde ne nous attend pas. Il y a un auteur qui dit que cette vie est trop courte pour être petite. C’est le moment où la jeunesse congolaise, en particulier les femmes, doit prendre conscience que ce n’est pas demain que nous allons arriver à faire de grandes choses, il ne faudrait pas attendre que la solution vienne de l’extérieur mais parfois la vraie solution vient de nous-mêmes. 

Et cela commence par le fait de vouloir oser. Une fois que vous faites, le reste viendra après. N’hésitez pas, parlez et défendez de bonnes idées. N’acceptez jamais de parler pour ne rien dire. Parlez toujours pour faire valoir quelque chose de juste et de noble.