Le conflit armé persistant dans l’Est de la République démocratique du Congo pèse lourdement sur le budget national. C’est ce que souligne le Fonds monétaire international (FMI) à l’issue des discussions relatives à la deuxième revue du programme économique et financier soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC), ainsi qu’à la première revue du programme de lutte contre le changement climatique soutenu par la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).
Selon les conclusions de la mission conduite au Haut-Katanga et à Kinshasa respectivement du 22 au 25 octobre et du 25 octobre au 5 novembre 2025 par Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI pour la RDC, le gouvernement congolais a su résister à la pression des dépenses sécuritaires grâce à des économies réalisées sur la réduction du train de vie de l’État et à la repriorisation des dépenses d’investissement.
"Le conflit armé dans la partie Est de la RDC continue d’exercer des pressions importantes sur les finances publiques, avec une persistance des dépassements sur les dépenses exceptionnelles de sécurité jusqu'au troisième trimestre de 2025. Ces pressions ont été partiellement compensées par des économies réalisées sur le train de vie de l'État et grâce à la re-priorisation des dépenses d'investissement, conformément au plan de contingence annexé à la Loi de finance rectificative de 2025. Conjuguées à une bonne collecte de recettes budgétaires, y compris grâce à la rationalisation des subventions aux carburants dans le secteur minier, ces mesures ont permis de contenir le déficit budgétaire intérieur base caisse en deçà du plafond programmé à fin juin 2025. Une poursuite de la prudence budgétaire sera essentielle pour créer l’espace nécessaire pour les dépenses prioritaires, dont celles liées à l'épidémie de la maladie à virus Ebola dans la région du Kasaï", a déclaré ce mercredi 5 novembre, Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI pour la RDC.
Le FMI recommande que le projet de loi de finances 2026 repose sur la poursuite des efforts de rationalisation des dépenses non prioritaires, afin de compenser les besoins croissants liés à la sécurité et de préserver la viabilité budgétaire.
"Afin de sauvegarder la viabilité budgétaire tout en protégeant les dépenses prioritaires sociales et d'investissement, le projet de loi de finances 2026 repose sur la poursuite des efforts de rationalisation des dépenses courantes non prioritaires, permettant de compenser partiellement le besoin anticipé de dépenses importantes liées à la sécurité. Ces mesures de rationalisation des dépenses seront complétées par des initiatives d'accroissement des recettes budgétaires, dont le déploiement du système de la facturation normalisée de TVA, la poursuite de la suppression des subventions aux carburants dans le secteur minier, et le non renouvellement de l'exonération de TVA et de droits de douane sur l'importation de produits alimentaires de base dans le contexte de décélération de l'inflation".
Face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est du pays et à la chute de la ville de Goma entre les mains de la rébellion AFC/M23 soutenue par le Rwanda, le Président Félix Tshisekedi avait ordonné, lors du Conseil des ministres du 31 janvier 2025, la réduction stricte des dépenses publiques afin de soutenir l’effort de guerre. Cette décision faisait suite à son adresse à la Nation, au moment où la capitale provinciale du Nord-Kivu était sous occupation rebelle. Dans cette optique, le gouvernement a adopté plusieurs mesures, dont l’augmentation des soldes et primes des militaires et policiers, ainsi que l’amélioration de leur sécurité sociale et de celle de leurs familles. Ces dispositions, annoncées par la Première ministre Judith Suminwa lors de son passage à Kikwit, sont effectives depuis mars 2025.
Malgré les appels de la communauté internationale et les sanctions imposées récemment à Kigali, la rébellion AFC/M23, soutenue par le Rwanda, poursuit son expansion dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, accentuant les défis sécuritaires et budgétaires auxquels fait face la RDC.
Clément MUAMBA