La mission des services du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Calixte Ahokpossi, chef de mission pour la République Démocratique du Congo (RDC), s’est achevée. Ce séjour, qui s’est déroulé au Haut-Katanga et à Kinshasa du 22 au 25 octobre et du 25 octobre au 5 novembre 2025, s’inscrivait dans le cadre des discussions relatives à la deuxième revue du programme économique et financier soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC), ainsi qu’à la première revue du programme axé sur la lutte contre le changement climatique, soutenu par la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).
Selon le communiqué sanctionnant cette mission, les services du Fonds et les autorités congolaises sont parvenus à un accord préliminaire sur la deuxième revue du programme triennal soutenu par la FEC et la première revue du programme FRD. Cet accord reste soumis à l’approbation de la Direction générale et du Conseil d’administration du FMI, dont l’examen est prévu pour le mois de décembre 2025.
"L'activité économique continue de faire preuve de résilience, avec une croissance du PIB réel supérieure à 5 % aussi bien 2025 qu’en 2026 selon les projections, portée par le dynamisme continu du secteur extractif. La stabilité extérieure s'est renforcée, soutenue par l'accumulation continue de réserves internationales et la réduction du déficit du compte courant, bien que les réserves restent toujours en-deçà du niveau d’adéquation recommandé de couverture des importations. Dans le contexte de ralentissement de l’inflation et d’augmentation des taux d’intérêt réels, le Comité de politique monétaire de la Banque centrale du Congo (BCC) a baissé à 17,5 % en début octobre, le taux directeur qui était inchangé à 25 % depuis août 2023", a déclaré Calixte Ahokpossi, chef de mission pour la RDC.
Le FMI a insisté sur la transparence et la communication sur les opérations du marché des changes, ainsi que la coordination entre les politiques budgétaire et monétaire
"L'inflation en glissement annuel a davantage chuté à 2,5 % en octobre 2025, bien en deçà de la cible de 7 % de la BCC. Cette forte baisse de l’inflation est en grande partie due à une forte appréciation du Franc Congolais consécutive à l’application de mesures prudentielles correctives aux réserves obligatoires sur les dépôts en devises des banques commerciales. Dans ce contexte, la mission encourage les Autorités à renforcer la transparence et la communication sur les opérations du marché des changes, ainsi que la coordination entre les politiques budgétaire et monétaire, afin de préserver la stabilité des prix" a recommandé le chef de mission du FMI
La mission du FMI salue les progrès réalisés dans la modernisation de la gestion des finances publiques (GFP), tout en soulignant la nécessité de poursuivre les efforts.
"Les progrès sur l’agenda des réformes structurelles restent encourageants, particulièrement dans la modernisation de la gestion des finances publiques (GFP). Les Autorités ont réalisé des progrès vers l’opérationnalisation de la Direction générale du Trésor (DGTCP), la déconcentration graduelle de l’ordonnancement des dépenses dans les ministères sectoriels, et la mise en place du compte unique du Trésor (CUT). Cependant, des efforts additionnels restent nécessaires pour mener ces réformes à terme. Bien que le respect de la chaîne de la dépense ait été renforcé à la suite de la refonte du cadre juridique y relatif, le recours aux procédures d'urgence reste élevé à cause des dépenses exceptionnelles de sécurité plus élevées que prévu en raison de la persistance du conflit armé. La mission encourage les Autorités à intensifier les efforts en matière de mobilisation des recettes intérieures, de gestion des investissements publics, de contrôle des abus sur la paie, de gouvernance, et de transparence, surtout dans le secteur extractif, afin de lutter efficacement contre l'enrichissement illicite et la corruption, et améliorer l'environnement des affaires".
Dans le même registre, les services du FMI ont salué la mise en œuvre dans les délais impartis de la mesure de réforme (MR) de la FRD, relative à la préparation sous forme d’annexe au projet de loi de finances 2026, d'une analyse quantitative des coûts budgétaires liés aux chocs climatiques. La mission du FMI s'est également félicitée de la mise en œuvre plutôt que prévu de la MR portant sur l'élaboration d'une politique nationale de gestion des risques de catastrophe naturelles
"Les Autorités sont encouragées à maintenir le cap, en continuant de jeter les bases pour une mise en œuvre dans les délais impartis des autres MRs qui arriveront à échéance lors des revues ultérieures", recommande le FMI
Au mois de juillet 2025, le Conseil d’administration du FMI avait conclu la première revue de l’accord au titre de la FEC, approuvé le 15 janvier 2025, permettant un décaissement immédiat de 190,4 millions de DTS (environ 261,9 millions USD) pour répondre aux besoins de balance des paiements.
Ce nouvel accord s’inscrit dans la continuité du précédent programme triennal conclu en 2021, d’un montant de 1,5 milliard USD, qui avait permis de renforcer les réserves internationales de change (passées de 1,7 à 6 milliards USD) et de stabiliser progressivement le cadre macroéconomique du pays malgré un contexte difficile.
Clément MUAMBA