Si autrefois, les ceintures ou les sous-vêtements gainant suffisaient pour tailler la silhouette des kinoises, ces méthodes sont presque démodées en 2025. La « liposuccion » ou « les injections » offrent des résultats en un temps record et gagnent du terrain. Mais, à combien se facturent ces services ? ACTUALITE.CD fait le point de la situation. Reportage.
Il est presque midi. Nous sommes dans un institut de beauté situé sur le boulevard de Libération, ex 24 novembre. Ouverte depuis 8h30, la boutique accueille ses clientes dans un espace climatisé. La salle de réception expose tous types de produits, allant de la perte de poids au traitement de la peau. A Kinshasa, c’est l’une des maisons les plus connues.
« Nous sommes à notre 8ème année d’existence. Au départ, notre patronne qui exerce dans la vente des farines et la panification fait face à un problème. Elle a pris énormément de poids et souhaite perdre quelques kilogrammes. C’est ce désir qui l’amène à faire des recherches sur les solutions possibles. Un voyage, puis deux, puis trois. En quelques mois seulement, elle a trouvé des méthodes qui marchent bien sur elle et qui pourraient également soulager d’autres femmes. Sur cette base, elle se forme dans la fabrication des produits, ouvre sa première boutique sur un petit espace et accueille déjà ses premières clientes », confie le manager, un homme d’environ 1m65, teint marron et ventre plat.
Il poursuit d’un ton rassurant : « Aujourd’hui, nous sommes fier.e.s de dire que nos services ne servent pas uniquement aux femmes. Les hommes qui veulent se maintenir en forme, perdre quelques kilos ou avoir un teint parfait sollicitent également nos services ».
Même si le phénomène existe depuis plusieurs années maintenant, en République Démocratique du Congo la liposuccion et les injections ont pris une ampleur sans précédent avec les réseaux sociaux. Influenceuses, actrices ou femmes d’affaires, elles sont nombreuses ces congolaises qui assument leurs choix.
« Je crois que les femmes reprennent conscience de leur valeur et de leur beauté. Nous recevons tous les jours des femmes, qu’elles vivent à Kinshasa, dans les provinces ou ailleurs qui veulent obtenir un meilleur traitement pour être belles. Elles ont entre 20 et 60 ans, femmes d’affaires, personnalités publiques ou épouses d’hommes politiques. Je peux même dire que certaines voudraient faire face à la concurrence des tchizas (maîtresses) », confie l'assistance d’une autre patronne dont les installations se trouvent à Gombe.
Combien pour quel service ?
La boutique de Gombe est bien claire au sujet de ses tarifs. Sur Tiktok, ses pages cumulent entre 107.000 abonnés (pour le compte de la patronne) et 67.000 (pour le compte de l’entreprise). Même s’ils ne répondent pas directement aux commentaires qui demandent les tarifs sous leurs posts, sur whatsapp la messagerie automatique donne toutes les informations.
« Nos Services & Tarifs : Injections corporelles, Hanches : 150 ml → 1000 $, Fesses : 150 ml → 1000 $, Hanches + Fesses (combinés) : 250 ml → 1300 $. Ventre Plat, 6 séances → 1300 $, 3 séances → 750 $ », peut-on lire.
Sur place, l’assistante précise : « nous n’offrons pas de service de liposuccion. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on ne les trouve ni sur nos affiches de communication, ni sur nos tarifs. C’est un service qui exige d’énormes compétences et formation dont nous ne disposons pas ».
Pour la boutique située le long du boulevard de Libération, les injections commencent à partir de 2500 USD par séance.
« Nous offrons un service de qualité bâti sur la crédibilité. Madame (la patronne, ndlr) renouvelle et élargit ses connaissances chaque année pour offrir un service digne à nos clientes. Notre gamme la plus vendue est la perte de poids. Elle se vend entre 100 et 170 USD. Pour les injections, nous devons procéder par une consultation pour déterminer le niveau de creux à combler. Certaines clientes se limitent à une seule séance qui comprend deux injections d’environ 250 ml de gel sur les deux côtés des fessiers. Pour d’autres, nous pouvons aller jusqu’à trois séances selon la demande de la cliente et sous nos conseils. Chaque séance coûte 2500 USD et implique beaucoup de choses”, précise le manager.
Et les conséquences, on en parle ?
Des leurs 8 années d’existence, le manager confie : « Nous avons reçu des plaintes uniquement concernant les allergies. Le gel qui est injecté dans l’organisme humain peut réagir tout de suite ou dans les heures qui suivent. Mais toutes ces allergies ne sont que passagères, notamment les démangeaisons. Sur une échelle de 0 à 5, j’estimerai à 0,5 ce type de retour. Nos produits fessiers ne comportent aucune conséquence qui persiste car ils sont précédés de consultations ».
L'assistante se veut également rassurante : « Nous avons commencé à proposer ces services en dehors du pays. Cela va faire seulement quelques mois depuis que nous sommes enfin installés à Kinshasa et nous accueillons tous les jours des clientes qui sollicitent nos services. Il n’existe pas de perfection dans l'œuvre humaine mais le risque est très moindre », dit-elle, alors que notre conversation est interrompue toutes les dix minutes pour accueillir les clientes qui souhaitent rencontrer la patronne. Il était 14 heures passées.
Par ailleurs, les personnes interrogées ont souligné l’importance pour l’Etat de réguler le secteur et de multiplier les services de contrôle pour sécuriser leur métier et limiter la naissance de fausses boutiques.
Prisca Lokale